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COMMENT GAGNER LA BATAILLE DE LA REINDUSTRIALISATION ? REGARDS CROISES ENTRE TERRITOIRES, INDUSTRIELS ET HABITANTS DE LA REGION BRETAGNE

14 Novembre 2024

Temps de lecture : 6min

Paris, le 14 novembre 2024 – Bpifrance Le Lab dévoilait le 15 mai dernier les résultats d’une étude d’une ampleur inédite sur la réindustrialisation, combinant projections économiques d’ici 2035, cartographie du potentiel industriel des territoires, perceptions croisées de citoyens et d’industriels, et analyse des stratégies de croissance des industriels. Après cette étude nationale, Bpifrance Le Lab décline son approche pour 12 régions (toutes les régions métropolitaines hors Corse). La Bretagne fait ainsi l’objet d’une publication régionale à l’occasion de la Semaine de l’Industrie.

L’industrie occupe une place clé dans l’économie de la région.

L’industrie manufacturière représente 13% de la valeur ajoutée totale de la région Bretagne. Depuis 2015, la région connaît un rebond sur les emplois industriels (+6 % jusqu’en 2022). La région Bretagne représente 5% de la valeur ajoutée industrielle française, elle a donc un rôle à jouer vis-à-vis de l’ambition nationale de réindustrialisation.

Plusieurs baromètres l’illustrent. Selon celui d’EY sur l’Attractivité de la France, la région capte 2% des Investissements Directs Etrangers (IDE) accueillis par le pays en 2023, soit 29 IDE, parmi lesquels Bosch Home Comfort Group dans la production de ballons d'eau chaude et de pompes à chaleur à Saint-Thégonnec. Dans le baromètre industriel de la DGE, 15 ouvertures nettes de sites industriels ont été recensées en 2023, parmi lesquelles Faïenceries de Cornouaille dans la production de bols à Saint-Evarzec et Circul'Egg dans la valorisation de coquilles d'oeufs à Janzé. En outre, d’après l’Observatoire des startups et PME industrielles de Bpifrance, 126 start-ups industrielles ont leur siège en Bretagne en 2023, soit 5% des sièges des 2 523 start-up industrielles françaises.

La Bretagne compte 19 zones d’emploi, aux atouts multiples.

La région se distingue particulièrement par son ouverture à l’international grâce à ses ports et infrastructures logistiques. Les ports de Brest, Saint-Malo, Lorient, Roscoff et Concarneau constituent des plateformes multimodales stratégiques pour la logistique. Les aéroports de Brest Bretagne, Rennes-Saint-Jacques, Lorient Bretagne Sud, et Dinard Pleurtuit Saint-Malo assurent le fret logistique aérien de la région. Au niveau national, elle est traversée par des axes autoroutiers comme l’A13 (Paris-Caen), l’A11 (Angers-Nantes), l’A29 (Le Havre-Amiens) et l’A28 (Rouen-Le Mans), qui facilitent le transport routier des marchandises.

Quant à son écosystème industriel, le taux d’emploi industriel est supérieur à la moyenne nationale et la tendance est à la création d’emplois industriels entre 2017 et 2019. En moyenne 67 % des zones d’emploi de la région sont couvertes par le dispositif Territoires d’Industrie. Enfin, la région dispose d’un site industriel compris dans les 100 plus grands de France et de trois pôles de compétitivité sont répartis sur la région.

En termes de compétences, les écoles de la région forment 3 927 élèves en dernière année de cursus en voie professionnelle ou BTS dans des formations liées à l'industrie, représentant 5% des talents industriels français, notamment grâce aux IUT offrant des formations spécialisées (logistique et gestion de production industrielle, science des matériaux, compétences pratiques en mécanique, qualité, maintenance industrielle). La région dispose également d’une école de production formant des jeunes en décrochage scolaire, vers des métiers de conducteur d’installation de production, technicien d’usinage, et à des qualifications en métallurgie.

La Bretagne fait partie des régions les moins exposées aux catastrophes naturelles. Enfin, son solde migratoire illustre à lui seul la qualité de vie qu’y trouvent les habitants : le solde entre les arrivées et les départs entre 2014 et 2020 s’élève à + 16 200 personnes, contre une moyenne par région de + 15 900.

Que pensent les 100 industriels et 292 habitants de la région ayant répondu à l’enquête ?

Sur les 2 828 industriels ayant répondu à l’enquête sur leur vision de la réindustrialisation et sur leurs projets industriels, 100 sont implantés en Bretagne. Sur les 5 000 citoyens français interrogés sur la réindustrialisation en France et ses implications, 292 habitent la région.

Industriels et citoyens sont partagés quant à leur perception de l’industrie sur le territoire. Les industriels bretons perçoivent leur territoire comme ayant résisté à la désindustrialisation ou même ayant prospéré (77 %), tandis qu’une majorité des habitants déclare ne jamais avoir perçu leur territoire comme industriel (51%). Ce décalage peut s’expliquer par le fait que la représentation de l’industrie agroalimentaire, dominante sur le territoire, soit assez éloignée de celle de l’industrie « lourde » peut être plus présente dans l’imaginaire des habitants.

Les trois secteurs industriels les plus acceptés dans la commune d’habitation des répondants de la région sont la pharmacie, l’agroalimentaire et l’électrique et électronique.  L’agroalimentaire est significativement plus acceptée en Bretagne que dans le reste de la France (52% vs 38% en France).

94% des industriels implantés en Bretagne se déclarent attachés à leur territoire.

Cet attachement trouve en partie sa source dans l’histoire personnelle des dirigeants avec le territoire, 48% y ayant grandi et 22% y ayant fait leurs études. Ils démontrent leur attachement en privilégiant, dans leurs projets de développement, une implantation à proximité de leur usine, plutôt qu’un déménagement ailleurs en France.

75% prévoient une croissance de leur chiffre d’affaires dans les trois ans à venir. Pour une large majorité d’entre eux (51%), cette croissance se traduirait par une nouvelle implantation.

Lorsqu’ils ont un projet de nouvelle implantation, les industriels sondés anticipent d’abord une extension de site (citée par 37%) et dans une moindre mesure une création de site (6%), un déménagement (8%), une relocalisation (1%) et une délocalisation (2%).

Sur les 100 industriels sondés en Bretagne, 46 ont exprimé avoir le projet d’une nouvelle implantation en France, dont 18 estiment avoir un besoin foncier inférieur à 2 Ha. Les 3 filières les plus représentées sont l’agroalimentaire, la mine et métallurgie et la chimie et matériaux.

 

Méthodologie de l’étude :

  • Un cadrage macroéconomique
  • Un travail en chambre, challengé par le Copil et des industriels, pour mesurer – à partir d’une trentaine d’indicateurs – le potentiel de développement industriel des territoires et sa cartographie par zones d’emploi françaises
  • Plus de 200 personnes interviewées :
    • Dans le cadre de rencontres dans 4 territoires choisis pour leurs caractéristiques industrielles, rassemblant représentants de l’Etat, des Régions, des EPCI, et des industriels, : Figeac le 23 février 2024, Valenciennes le 18 mars, Châteauroux le 27 mars et Besançon le 5 avril. Pour ces rencontres, nous avons été accompagnés par les cabinets Ernst&Young, et Compagnum.
    • Dans le cadre d’entretiens réalisés auprès de dirigeants industriels, d’acteurs locaux et d’élus, de chercheurs, d’acteurs de la formation et d’experts de l’industrie.
  • Une enquête menée du 15 janvier au 22 mars 2024 auprès de 2828 dirigeants d’entreprises industrielles. Nous avons interrogé les 30 000 unités légales (en excluant les entreprises ayant moins de 10 salariés), ce sont donc les directeurs de site qui nous ont répondu. Dans ces 2828 répondants :
    • 8% de start-up industrielles,
    • 57% de PME ayant moins de 10 millions d’euros de CA,
    • 23% de PME ayant entre 10 et 50 millions d’euros de CA
    • 10% d’ETI
    • 0,7% de grandes entreprises (soit 20 des 81 grandes entreprises du secteur de l’industrie manufacturière en France).
  • Une enquête menée du 14 décembre 2023 au 13 février 2024 auprès d’un échantillon de 5000 citoyens français, représentatif selon le genre, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle et la région. Il est complété par des sur-échantillons sur 49 zones d’emploi spécifiques sur les 306 au total en France métropolitaine (à proximité de sites SEVESO par exemple), représentant 4400 répondants supplémentaires. Cette enquête a été réalisée par Potloc.

 

Retrouvez l’intégralité de l’étude sur : https://lelab.bpifrance.fr/industriebretagne

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Juliette Fontanillas

+33 6 72 76 08 09 

juliette.fontanillas@bpifrance.fr

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