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Interview de Nicolas Dufourcq dans Madame Figaro: «À quand une ...

Interview de Nicolas Dufourcq dans Madame Figaro: «À quand une vraie libération de la parole des entrepreneurs ?»

08 Septembre 2025

Temps de lecture : 3min

A l'occasion de l'édition 2025 de BIG, le grand rendez-vous business orchestré par Bpifrance, qui aura lieu le 23 septembre autour du thème : la vérité, Nicolas Dufourcq, Directeur général de Bpifrance a donné une interview au magazine Madame Figaro. 

Madame Figaro. – Pourquoi avoir choisi ce thème très philosophique pour un événement aussi « business » ? 
Nicolas Dufourcq. – Je l'ai choisi il y a plus d'un an, avant la débauche de contrevérités trumpiennes à laquelle nous assistons depuis… C'est aussi venu d'une révolte intérieure devant la prolifération de discours, qui expliquent ici ou là que la vérité est relative. Que ma vérité, c'est la vérité. Que je n'ai plus besoin de me confronter au réel. Je voulais rappeler qu'il existe bel et bien une vérité scientifique, qui s'appuie sur l'expérimentation, les faits, la statistique. Elle ne nous caresse pas. Elle s'oppose à l'opinion. Mais elle existe. On ne peut pas affirmer qu'une vérité édictée comme dans un dictionnaire des idées reçues vaille une étude de l'Insee.

Comment cela ? 
On entend tous les jours que l'ascenseur social est bloqué en France – l'Insee montre l'inverse. Que les inégalités y sont toujours plus fortes – on redistribue dans notre pays 56 % de la richesse nationale. C'est le règne de l'opinion. Or, le chemin vers la vérité nous oblige précisément à la dépasser, de même que notre subjectivité, nos croyances, nos préjugés – sources d'illusion.

Quel lien avec l'entrepreneuriat ? 
On ne peut pas être entrepreneur et accepter d'évoluer dans un monde qui détruit la notion de vérité. L'entrepreneur porte en lui une bonne dose de rêve éveillé, mais aussi la reconnaissance du réel. Assez tôt dans la vie, il va chercher à comprendre sa propre singularité. Il est dans un parcours de liberté. Cela part d'un moment d'illumination qui est comme la conscience de sa vérité : dès l'âge de 16-17 ans, il sait que la plupart des rôles sociaux ne seront pas pour lui. L'entrepreneur, c'est celui qui regarde la réalité bien en face, je dirais même : qui se cogne aux vitres du réel. Et cela lui donne une densité extraordinaire.

Pourquoi est-il essentiel de nourrir en nous cette exigence, qui est aussi un courage ? 
Je vous répondrai par cette analogie du montagnard : face au sommet qu'il doit gravir, il est poussé par l'énergie issue de sa vérité intime. L'entrepreneur n'a pas peur de l'inconnu : il est l'homme ou la femme de l'inconnu, qui lui révèle sa vérité. Cet esprit-là apporte une lucidité ontologique. On peut le développer en nous : s'éduquer et éduquer ses enfants, par exemple, à privilégier la vérification des faits. Enseigner l'esprit critique, la joie de revenir à la source. C'est fondamental pour faire face à l'IA et aux réseaux sociaux. Et dominer la machine, plutôt que d'être dominé par elle.

Les entrepreneurs doivent-ils incarner un contre-pouvoir ? 
Absolument ! Je défends depuis toujours l'idée que dans le choix même de leur projet, ils ont une responsabilité sociale et sociétale. Et par la suite, une place à prendre dans la Cité – en faisant entendre leur voix dans le forum –, c'est pourquoi Big est organisé comme une agora. Il faudrait que dans chaque débat télévisé, chaque table ronde, ils soient présents pour défendre une vérité en prise avec le réel. La société en a besoin : en face, les puissances porteuses de mensonge et de manipulation gagnent du terrain, remportent des élections. C'est le message que je voudrais faire passer avec cette édition de Big : à quand une vraie libération de la parole des entrepreneurs ? Ils ont tant de choses à nous dire…

Par : Morgane Miel

Retrouver l'interview en intégralité sur le madame.lefigaro.fr Nicolas Dufourcq, DG de Bpifrance : «À quand une vraie libération de la parole des entrepreneurs ?»