Challenges. Les patrons français n'hésitent plus à exprimer leur mécontentement face aux politiques, voire à suggérer qu'ils feraient mieux qu'eux. Est‑ce une bonne chose ?
Nicolas Dufourcq. Cela fait douze ans que je dis aux chefs d'entreprise de monter sur leur tonneau avec la même puissance vocale que les syndicats ou les politiques. Il est important d'être entendu, car après il est trop tard pour se plaindre. D'ailleurs, si nous avions écouté les entrepreneurs depuis 1974, nous n'en serions pas là. Jusqu'à présent, nous avons toujours eu tendance à les considérer comme des suppliants. Il suffisait qu'ils lèvent un peu la voix pour qu'on leur dise : « Tais-toi. » C'est une caractéristique tellement française.