11 Avril 2025
Temps de lecture : 6min
Paris, le 11 avril 2025 – Alors que les salariés seniors redoutent d’être stigmatisés, la dernière étude de Bpifrance Le Lab révèle que les entrepreneurs de plus de 50 ans ont la séniorité positive. Qui sont ces entrepreneurs ? Comment l’âge joue-t-il sur leur capacité à entreprendre ? Quels sont leurs défis ?
Bpifrance Le Lab a mené une enquête auprès de 1 347 entrepreneurs de 18 à 72 ans, à la tête d’une entreprise ayant au moins un salarié. Cette étude compare les entrepreneurs ayant aujourd’hui plus de 50 ans (appelés « entrepreneurs seniors ») avec les moins de 50 ans. Et elle analyse plus particulièrement ceux qui ont entrepris pour la première fois après 50 ans (appelés « primo-entrepreneurs seniors »).
L'âge sublime l'état d'esprit et la santé des entrepreneurs
Les entrepreneurs seniors sont des entrepreneurs comme les autres. Leurs entreprises sont sensiblement de même tailles et secteurs que celles de leurs benjamins. Leurs ambitions stratégiques restent intactes avec l’âge : ils déclarent le même rapport au risque, la même capacité d’innovation, la même volonté de croissance.
L’âge sublime leur état d’esprit, accentuant la détermination et la satisfaction d’être dirigeant. Plus l’âge avance, plus le nombre d'entrepreneurs « très satisfaits » dans leur rôle augmente (plus de 40 % après 50 ans, moins de 30 % avant).
Et contre toute attente, les entrepreneurs seniors, y compris ceux de plus de 70 ans, se déclarent en bonne santé physique, ils dorment mieux et sont en meilleure santé mentale. C’est dans la tranche d’âge 40-50 ans que les signes de santé physique et le sommeil sont au plus bas.
A 50 ans passés, les entrepreneurs ont surmonté bien des épreuves – le premier prud’homme, le premier problème de trésorerie, la première démission - et gèrent mieux leur stress face aux défis entrepreneuriaux.
« Après 50 ans, les enfants sont grands, la maison ou l’appartement familial est quasiment payé. Pour ceux qui ont la fibre entrepreneuriale et ne se sont pas autorisés à se lancer plus jeunes, il y a tout à gagner : l’expérience paie et le réseau ouvre des portes. » déclare Elise Tissier, directrice de Bpifrance Le Lab.
Le financement n'est pas une question d'âge, à condition d'avoir pensé sa transmission
S’il est un domaine qui concentre les craintes de stéréotypes âgistes, c’est celui du financement. 64 % des plus de 50 ans, et 68 % des plus de 60 ans, voient leur âge comme un potentiel frein auprès des banques. C’est respectivement 48 % et 55 % pour la levée de fonds.
Pourtant, les entrepreneurs seniors, y compris après 60 ans, ne déclarent pas plus de difficultés de financement que leurs benjamins. 55% des entrepreneurs, tous âges confondus, déclarent l’accès au prêt bancaire difficile ou très difficile (4 % non concernés). C’est 58% pour la levée de fonds (24% non concernés). Les entretiens avec l’écosystème révèlent cependant un pivot autour de 60 ans, âge à partir duquel tout entrepreneur cherchant à se financer doit intégrer sa succession à son projet (associés plus jeunes, entrée au capital de managers, etc.)
L’accès au financement se joue ailleurs : c’est le profil de l’entreprise (taille et âge) qui influence l’accès aux financements, de même que la voie d’accès à l’entrepreneuriat (c’est plus difficile pour les fondateurs que les repreneurs) et l’ancienneté de l’entrepreneur à la tête de l’entreprise (plus le dirigeant en est à la tête depuis longtemps, plus l’accès est facile).
Il existe pourtant deux exceptions : les chercheurs entrepreneurs dans la deeptech, exception non liée à l'âge mais à la nature du projet, et les femmes entrepreneures seniors dont l’accès au financement non bancaire est perçu comme beaucoup plus difficile que pour leurs homologues masculins.
Trois profils d'entrepreneurs seniors
Si l’on exclut l’entrepreneur contraint (créant une entreprise après une longue période d’inactivité), non visible dans l’étude, il existe trois profils d’entrepreneurs de plus de 50 ans.
Le plus évident et le plus connu est « l’entrepreneur de carrière » : il a entrepris jeune et a « vieilli » avec son entreprise, qu’il a créée ou que sa famille lui a transmise.
Les deux autres se sont lancés dans l’aventure entrepreneuriale après 50 ans : « l’entrepreneur de la seconde carrière » et « le chercheur entrepreneur ». Le premier a fait carrière dans une grande entreprise, le second dans un laboratoire. L’un se lance en réaction à un tournant professionnel, l’autre par passion pour l’innovation scientifique. L’un capitalise sur son expérience pour reprendre, l’autre pour créer sa startup. Pour l’un, le défi est la transition du salariat à l’entrepreneuriat, pour l’autre il est de parvenir à lever des fonds pour un projet complexe et risqué.
Les femmes seniors face au gender gap et à la double-peine
Les femmes sont sur-représentées parmi celles et ceux qui ont entrepris après 50 ans. Alors qu’elles sont 12% à la tête d’une PME-ETI (source : Bpifrance Le Lab, Dirigeantes et dirigeants de PME-ETI, quelles différences ?), elles représentent 22% de notre échantillon des primo-entrepreneurs seniors.
Elles se lancent dans l’entrepreneuriat plus tard que les hommes : alors que les hommes sont 21% à avoir entrepris à moins de 30 ans, c’est 12% pour les femmes. Et à l’inverse, 30% des femmes ont entrepris pour la première fois entre 50 et 60 ans, alors que c’est 21% pour les hommes. 7% des entrepreneures ayant répondu à notre enquête se sont lancées après 60 ans, contre 2% des entrepreneurs.
Les entrepreneures seniors entreprennent pour avoir un impact positif sur la société (27%) plus que les hommes (17%), c’est encore plus vrai pour celles qui entreprennent après 50 ans. Elles sont à la tête d’entreprises plus petites, plus souvent familiales, et sont très rarement repreneures externes. 75% des entrepreneures de plus de 50 ans sont à la tête d’une entreprise de moins de 10 salariés, c’est 88% pour celles qui ont entrepris après 50 ans (vs respectivement 49% et 57% pour les hommes).
Si l’accès au financement n’est pas une question d’âge, des différences significatives sont relevées entre femmes et hommes de plus de 50 ans. Les entrepreneures seniors sont significativement plus nombreuses à déclarer très difficile la levée de fonds (30 % contre 19 % pour les hommes seniors).
« A rebours du salarié senior, l’entrepreneur de plus de 50 ans voit son horizon s’élargir : son âge est son capital le plus précieux, gage d’expérience et de réseau. Avec plus de détermination et d’énergie mentale, l’entrepreneur de plus de 50 ans démontre qu’on peut se lancer ou diriger à plus de 50 ans et en retirer une immense satisfaction. Les seniors constituent donc un formidable vivier pour l’entrepreneuriat : des candidats expérimentés pour la reprise, une « Californie qui s’ignore » pour la Deeptech. Attention cependant à ne pas se lancer par dépit » déclare Nicolas Dufourcq, Directeur général de Bpifrance.
Retrouvez l’intégralité de l’étude sur :
Entrepreneuriat senior : plus de 50 ans, et autant de raisons créer son entreprise
Méthodologie de l’étude :
- Une enquête menée entre novembre 2023 et février 2024 auprès de 1347 entrepreneurs: 939 de plus de 50 ans (dont 222 ayant entrepris pour la première fois après 50 ans) et 408 de moins de 50 ans.
- Près de 60 entretiens réalisés entre novembre 2023 et juin 2024 : 28 auprès d’entrepreneurs seniors, près de 20 auprès d’experts et enseignants-chercheurs, 6 auprès de financeurs et d’assureurs, et 5 auprès d’experts de Bpifrance
- Une analyse sémiologique réalisée avec 10 entretiens qualitatifs complémentaires auprès d’acteurs de l’écosystème du financement entrepreneurial (6 investisseurs et 4 banquiers interviewés).
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