Paris, le 22 mai 2025 – Bpifrance publie pour la première fois une étude quantifiant l’impact de ses actions sur le marché du capital-risque français. Elle analyse à la fois ses investissements directs dans les startups et son activité de « fonds de fonds » sur 10 ans. S’appuyant sur un jeu de données riche et une approche qualitative et quantitative supervisée par un Comité d'Experts, l’étude révèle une montée en puissance de l’écosystème français et l'importante contribution de l’action de Bpifrance.
En 10 ans, Bpifrance a massivement soutenu les startups, à travers divers instruments de soutien : aides à l’innovation, investissement direct, fonds de fonds.
Ses interventions en capital-risque ont nettement augmenté : entre 2013 et 2023[1], les montants de financement alloués aux startups ont été multipliés par 7[2]. Sur la période, Bpifrance a investi directement 4,6 Md€ dans 500 startups françaises et souscrit 5,9 Md€ dans près de 180 fonds privés de capital-risque français (fonds « partenaires »). Cette stratégie vise à constituer une chaîne de financement complète pour les startups françaises, couvrant l’ensemble de leurs besoins depuis la conception du produit et les premiers pas sur le marché (phase d’ « amorçage ») jusqu’aux phases de développement massif sur plusieurs marchés (phase de « scale up »).
Bpifrance a contribué significativement à la structuration de l’offre de fonds de capital-risque en France, ainsi qu’au développement du tissu des startups françaises.
Bpifrance a agi en profondeur auprès des startups innovantes et de leur écosystème de financement : sur la période 2013 – 2021, près de 80 % des startups ayant levé des fonds ont bénéficié d’un soutien direct ou indirect de Bpifrance (aide à l’innovation, investissement direct, fonds de fonds) soit l’année de la levée de fonds, soit en amont, tandis que près des deux tiers des fonds de capital-risque français ayant levé auprès d’acteurs institutionnels ont été souscrits par Bpifrance.
L’action publique de Bpifrance a créé un fort effet de levier sur l’offre privée de financement
- Les montants levés par les startups françaises ont cru plus rapidement que les montants injectés directement ou indirectement par Bpifrance dans l’écosystème, si bien que le poids de Bpifrance sur le marché a globalement baissé sur la dernière décennie (poids estimé à 11 % en 2023, contre 17 % en 2013) ;
- Les fonds souscrits par Bpifrance ont triplé en taille sur la période avec un apport des investisseurs privés de plus en plus important (corporates, family offices, institutionnels …), en témoigne la baisse du poids de Bpifrance dans le capital de ces fonds (à titre d’illustration sur le segment de l’amorçage, poids passé de 43% pour les fonds souscrits entre 2013 et 2017 à 34 % pour ceux souscrits entre 2018 et 2021) ;
- Les gérants de fonds et les souscripteurs interrogés dans le cadre de l’étude[3] valident cet effet d’entrainement de l’action publique. 80 % indiquent que les fonds publics investis par Bpifrance ont eu un impact positif additionnel sur le processus de levée des fonds et contribuent à entraîner d’autres souscripteurs privés ;
La performance des fonds directs et partenaires a nettement progressé :
- Cette progression est visible au niveau des multiples de sortie (multiple agrégé passé de 2,5 pour les fonds souscrits entre 2013 et 2016, contre 1,3 pour les fonds souscrits entre 2005 et 2008), illustrant la montée en qualité des projets de startups et la montée en compétence des acteurs de l’écosystème.
Les startups investies par Bpifrance ont des trajectoires de croissance très fortes :
- L’emploi des startups investies est en moyenne multiplié par 2 au bout de 5 ans (y compris après prise en compte de la sinistralité). Ces performances économiques sont, comme attendu, très concentrées sur un petit nombre de startups investies : au sein de l’échantillon observable à un horizon de 5 ans après l’investissement, moins de 10 % des startups investies concentrent près de 42 % de la croissance agrégée de l’emploi.
- De façon importante, il ne ressort pas de différence significative de performance économique entre startups investies par Bpifrance (directement ou non) et startups investies uniquement par des investisseurs privés : l’analyse des données indique donc que les investisseurs publics ciblent des projets de qualité équivalente à celle des projets investis par des acteurs privés.
Bpifrance a contribué à l’effort d’innovation des PME françaises :
- A fin 2019, les startups investies directement ou non par Bpifrance représentaient 19 % de la créance de Crédit d'impôt recherche des PME, et 28 % de leurs demandes de brevets (alors qu’elles ne représentaient que 0,1 % du nombre de PME et 0,6 % de leur emploi agrégé).
- A un niveau plus microéconomique, il apparaît d’une part que les fonds directs de Bpifrance ciblent davantage des secteurs et technologies intensives en R&D (santé, deeptechs) que les autres investisseurs privés, d’autre part que les investissements directs et indirects de Bpifrance ont un impact fort sur les effectifs de R&D des entreprises (+ 30 % à un horizon de 5 ans).
« Cette étude démontre pour la première fois que la politique de soutien public initiée par CDC Entreprises puis poursuivie et intensifiée par Bpifrance, a eu des impacts fondamentaux sur la structuration et l’essor du capital-risque français, et a conduit à une contribution de plus en plus massive des startups et des licornes à l’innovation dans l’économie française », déclare Pascal Lagarde, directeur exécutif en charge de l'International, de la Stratégie, des Etudes et du Développement de Bpifrance.
Si l’écosystème français a beaucoup progressé sur la dernière décennie, l’étude souligne toutefois qu’il reste moins développé que les marchés anglo-saxons et dispose de plusieurs marges de progression importantes. En particulier, la base des souscripteurs est encore insuffisamment diversifiée et internationalisée, et il manque des institutionnels privés capables d’investir des gros tickets dans les fonds de capital-risque. Il apparaît aussi nécessaire de poursuivre la montée en compétences des gérants de fonds français et de développer leurs options de sortie (cessions industrielles, introductions en bourse), ce dernier enjeu n’étant toutefois pas spécifique à la France.
Retrouvez l’étude complète et ses nombreuses analyses complémentaires : https://lelab.bpifrance.fr/evaluation_10_ans_capital_risque
Méthodologie de l’étude
Cette étude a été réalisée par Bpifrance et supervisée par un comité de pilotage indépendant, associant notamment des chercheurs universitaires et des économistes, spécialistes du financement des entreprises et des méthodes d’évaluation de politiques publiques. L’étude s’appuie sur un jeu de données extrêmement riches, recoupant 25 années de données d’activité des fonds directs et partenaires de Bpifrance, des données de marché (Dealroom, Pitchbook) ainsi que des données de la statistique publique (INSEE, DGFIP, INPI), mises à disposition via le Centre d’Accès Sécurisé aux Données (CASD) dans le cadre de ce projet de recherche. Ces données s’arrêtent à 2023 pour l’analyse de l’activité de Bpifrance (dernière année de disponibilité des données de l’activité des fonds partenaires), et à 2021 pour l’analyse des caractéristiques et des performances des entreprises investies par Bpifrance (dernière année de disponibilité des données de l’INSEE lors de la conduite des travaux). Elles ont permis de décrire très finement les fonds de capital-risque et les startups investis par Bpifrance, d’analyser leur positionnement au sein de l’écosystème français et de décrire leurs performances économiques. Les analyses ont été complétées par des enquêtes qualitatives auprès d’un échantillon de souscripteurs et de gérants de fonds, toutes deux anonymisées et administrées en 2023 via des tiers externes (respectivement Roland Berger et Opinion Way), afin d’avoir leur perception des impacts de l’action de Bpifrance en fonds de fonds.
[1] Dernière année examinée dans l’étude, la remontée des données du marché et des fonds partenaires en 2024 n’étant pas réalisée au moment de la production de l’étude.
[2] Multiplié par 7 en incluant les aides à l’innovation, multiplié par 6 en se focalisant uniquement sur les soutiens en capital (investissement direct et indirect). .
[3] Enquêtes anonymisées réalisées en 2023 par Roland Berger et Opinion Way exploitées dans l’étude.