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Bpifrance Le Lab présente la 80eme enquête de conjoncture auprès ...

Bpifrance Le Lab présente la 80eme enquête de conjoncture auprès des TPE-PME : une enquête sur la situation des TPE-PME à fin 2024 et leurs perspectives pour 2025, dans un contexte d’incertitude politique favorisant l’attentisme

09 Janvier 2025

Temps de lecture : 10min

Paris, le 9 janvier 2025 – La 80ème enquête de conjoncture, basée sur les retours de près de 5000 entreprises, permet d’évaluer la situation et les perspectives des TPE-PME en termes d’activité, d’emploi, de trésorerie et d’investissement.

 

  • Les TPE-PME font part d'un tassement de leur activité en 2024, plus fort qu'anticipé au printemps dernier : le solde d’opinion[1] recule de 8 points sur le semestre et de 14 points sur un an et passe en territoire négatif (−6), s’éloignant un peu plus de sa moyenne de long terme (+14). L'emploi, qui avait jusqu'ici fait preuve de résilience, s'ajuste avec retard au tassement de l'activité et ralentit fortement. La conjoncture se dégrade quelle que soit la taille de l’entreprise, mais les PME d’au moins 100 salariés s’en sortent mieux. Les entreprises exportatrices, qui avaient globalement mieux résisté au premier semestre, affichent également un ralentissement marqué de leur activité en 2024, même si elles restent plus dynamiques que leurs homologues non-exportatrices.
  • Le secteur des Services (aux entreprises et aux particuliers) est un peu moins en difficulté – c’est le seul secteur à voir son solde d’opinion demeurer positif, bien que très inférieur à sa moyenne historique. Les secteurs de la Construction et des services de Transport, particulièrement affectés en 2023, connaissent toujours une situation difficile même si les soldes d’opinion se redressent légèrement. La conjoncture se détériore fortement dans l’Industrie, le Tourisme et le Commerce.
  • La trésorerie des TPE-PME s’est de nouveau érodée en 2024 mais reste en moyenne proche de son niveau d’avant crise sanitaire. Les craintes de non-remboursement des PGE restent limitées (toujours 4 % de l’échantillon).
  • Malgré un accès au crédit d’investissement toujours jugé plutôt aisé, l’investissement se replie en 2024. Il pâtit de contraintes de demande de plus en plus puissantes, d'un coût du crédit encore élevé et d'une concurrence accrue, auxquels viennent s'ajouter les incertitudes politiques.
  • Les TPE-PME ne s’attendent pas à un redémarrage en 2025. À −3, l’indicateur relatif aux perspectives d’activité recule de 7 points à un niveau sensiblement inférieur à sa moyenne historique (+16), laissant attendre un ralentissement. Les perspectives s’assombrissent dans tous les secteurs à l’exception des Transports, dont la conjoncture resterait néanmoins morose. Les dirigeants freineraient leurs embauches en conséquence. Malgré la levée attendue de certains obstacles à l’investissement (désinflation soutenant la consommation et donc les débouchés des entreprises, baisse des taux d’intérêt), l’incertitude politique favorise l’attentisme des dirigeants, dont les intentions d’investissement sont en baisse.

 

Pour Philippe Mutricy, Directeur des études de Bpifrance, « Les TPE PME sont affectées par le manque de débouchés, des taux d’intérêt encore élevés et une concurrence accrue, facteurs auxquels vient s’ajouter un contexte empreint d’incertitudes, tant au niveau international que national. Certaines contraintes devraient se lever en 2025 : les gains de pouvoir d’achat pourraient soutenir la consommation, et donc la demande pour les TPE-PME, tandis que la détente attendue des taux d’intérêt serait propice aux investissements. Mais la levée des contraintes est conditionnée à celle de l’incertitude politique, qui brouille la visibilité économique et renforce l’attentisme des entreprises et des ménages, pesant sur les perspectives de croissance pour 2025. »

 

  1. L’activité des TPE-PME marque un coup d’arrêt en 2024. L’emploi s’ajuste avec retard et ralentit fortement.

Le solde d’opinion relatif à l’activité poursuit sa baisse (−8 points sur le semestre et −14 points sur un an) et s’établit, à −6, nettement en-dessous de sa moyenne historique (+14). L'activité des TPE-PME est en particulier affectée par la faiblesse de la demande, comme en témoignent les carnets de commande peu remplis, qui se sont encore tassés au 2nd semestre. Les difficultés d’approvisionnement, en forte diminution depuis 2022, se stabilisent ce semestre. Elles contraignent significativement l’activité de 29 % des TPE-PME.

L’emploi, qui s’était montré relativement résilient jusqu’à présent, s’ajuste à la baisse d’activité et ralentit fortement. L’indicateur relatif à l’évolution des effectifs des TPE-PME affiche une baisse de 7 points sur un an et s’inscrit, à −1, nettement sous sa moyenne de long terme (+8). Dans ce contexte de ralentissement des embauches, les dirigeants sont moins nombreux à déclarer rencontrer des difficultés pour recruter (74 % d’entre eux, −4 points sur le semestre).

La conjoncture des TPE-PME apparaît dégradée dans tous les secteurs d’activité, quelle que soit la taille de l’entreprise, avec quelques nuances :

  • Le secteur des Services reste moins affecté : c’est le seul secteur qui affiche un solde d’opinion encore positif, bien qu’en net recul (−8 points ce semestre à +5). Les Transports et la Construction voient leur solde d’opinion remonter légèrement ce semestre mais connaissent toujours une situation difficile (l’indicateur reste très inférieur à sa moyenne historique). La conjoncture se détériore le plus fortement dans l’Industrie et le Tourisme, qui affichent un solde d’opinion en baisse de 14 points sur le semestre. Le Commerce est le plus en difficultés avec une croissance moyenne de −3,3 %. Il affiche le solde d’opinion le plus bas tous secteurs confondus (−16) et le plus éloigné de sa moyenne de long terme.
  • Au niveau régional, les Hauts-de-France se distinguent avec une croissance moyenne du chiffre d’affaires jugée quasi stable en 2024 contre une baisse dans les autres régions dans les autres régions. L’activité ralentit fortement dans le Grand-Est et les Pays de la Loire.
  • Les dirigeants déclarent une croissance du chiffre d’affaires plus faible qu’en 2023 quelle que soit la taille de leur entreprise. Les PME d’au moins 100 salariés sont les seules à enregistrer une croissance positive en 2024 (+0,7 %), bien que nettement plus faible que le rythme moyen observé dans l’enquête depuis 2000 (+4,5 %). Le chiffre d’affaires recule chez les PME de plus petite taille, le plus fortement chez les TPE de 1 à 9 salariés (−3,7 %), habituellement moins dynamiques.
  • Les entreprises exportatrices, tout comme celles innovantes, déclarent un ralentissement marqué de leur activité en 2024, même si elles restent plus dynamiques que leurs homologues non-exportatrices.

 

  1. La situation de trésorerie des TPE-PME s’est dégradée et s’établit proche de sa moyenne de longue période. Les dirigeants signalent une baisse de rentabilité.

L’indicateur relatif à la situation de trésorerie sur les six derniers mois perd 4 points sur le semestre et rejoint ainsi son niveau moyen de long terme (−14). 27 % des PME jugent désormais leur trésorerie difficile (+2 points en 6 mois) tandis que 13 % la jugent aisée (−2 points) et 60 % normale. L’accès au crédit de trésorerie s’est par ailleurs légèrement durci. 14 % des TPE-PME ont signalé des difficultés à financer leur trésorerie (+1 point sur le semestre). La rentabilité a diminué, le solde d’opinion perdant 6 points en un an à −5, un niveau désormais inférieur à sa moyenne de long terme. La part de dirigeants jugeant leur rentabilité mauvaise augmente de 3 points à 25 % tandis que celle la jugeant bonne baisse de 3 points à 20 %.

 

  1. Le remboursement des PGE continue de progresser. Le risque de non-remboursement reste limité.

Parmi les TPE-PME déclarant avoir souscrit à un PGE (environ la moitié des répondants), 71 % déclarent l’avoir consommé dans sa majorité (+4 points depuis mai 2024), dont 56 % dans sa quasi-totalité, une proportion en forte hausse ce semestre (47 % en mai 2024). Les remboursements progressent : 22 % des dirigeants concernés ont déjà intégralement remboursé leur prêt (+3 points en 6 mois et +6 points sur 1 an) et 6 % prévoyaient de le rembourser avant la fin d'année 2024. 68 % amortissent leur prêt sur plusieurs années. Le risque de crédit attaché au remboursement des PGE reste limité : 4 % des répondants craignent de ne pas être en mesure de rembourser leur prêt, une proportion stable depuis plusieurs vagues d’interrogation.

 

  1. L'investissement se replie, pénalisé par la faiblesse de la demande, des taux encore élevés et une concurrence accrue, auxquels vient s’ajouter l’incertitude politique.

L’accès au financement des TPE-PME reste souple : 11 % d’entre elles déclarent rencontrer des difficultés pour financer leurs investissements, une proportion stable et proche de celle observée avant la crise sanitaire. Les taux d’intérêt accordés aux PME ont légèrement reflué courant 2024 mais restent à des niveaux encore élevés. Le coût du crédit reste ainsi un obstacle majeur à l’investissement (cité par 45 % des TPE-PME après 49 % en mai 2024). La faiblesse de la demande est de loin le premier frein, en forte progression ce semestre (cité par 59 % des TPE-PME soit +7 points). La rentabilité et la concurrence sont perçus comme des obstacles importants à l’investissement par respectivement 41 % et 34 % des TPE-PME (+4 à 5 points ce semestre). L’incertitude politique déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale à l’été 2024 s’ajoute aux obstacles cités précédemment.

Dans ce contexte, l’investissement se replie en 2024. 43 % des TPE-PME déclarent avoir investi en 2024 alors qu’elles étaient 46 % en 2023 et 55 % en moyenne entre 2001 et 2023. Les dépenses d’investissement sont en baisse : à −11, l’indicateur perd 6 points sur un an et s’établit à un niveau nettement inférieur à sa moyenne de long terme (−2).

 

  1. Les TPE-PME ne prévoient pas de redémarrage de l’activité et anticipent une nouvelle dégradation de leur situation financière en 2025.

L’indicateur prévisionnel d’activité recule de 7 points sur 1 an à −3, un niveau sensiblement inférieur à sa moyenne de long terme (+16). Les dirigeants sont ainsi plus nombreux à prévoir une baisse de leur activité en 2025 (25 %) qu’une hausse (22 %). Les perspectives d'activité se dégradent dans tous les secteurs, hormis dans les Transports où elles restent néanmoins assombries. En conséquence, les dirigeants prévoient de ralentir de nouveau leurs embauches : l’indicateur prévisionnel d’emploi perd 7 points sur 1 an pour s’établir à +5, sous sa moyenne de long terme (+12). La situation financière est en outre prévue en dégradation, avec une poursuite de l’érosion de la trésorerie et une rentabilité attendue en baisse. Dans ce contexte, les intentions d’investissement sont en baisse. Fin 2024, 47 % des dirigeants de TPE-PME comptent investir en 2025 – ils étaient 50 % fin 2023 à prévoir des investissements en 2024. Le solde d’opinion sur l’évolution des dépenses d’investissement l’année suivante perd 3 points en un an pour s’établir à +7, soit le niveau le plus bas de la série après le plancher de +2 atteint en 2002.

 

  1. Les TPE-PME ont de plus en plus recours à l’intelligence artificielle générative.

31 % des TPE -PME ont recours à l’intelligence artificielle générative (IAG) fin 2024, une proportion qui a doublé en un an. En particulier, 8 % l’utilisent régulièrement (3 % fin 2023). 69 % n’y ont à l’inverse pas recours, dont 19 % prévoient toutefois de l’utiliser prochainement. Environ la moitié des dirigeants sont donc réfractaires à l’usage de l’IAG, une proportion toutefois en nette baisse sur un an (72 % fin 2023).

Le principal usage de l’IAG identifié, en forte progression sur un an, est la génération de contenus écrits, sollicité par 68 % des TPE-PME ayant recours à l’IAG (contre 54 % fin 2023). Le deuxième usage le plus courant est la recherche, collecte et analyse de données ou d’informations (57 % d’entre elles). Environ 1/3 d’entre elles l’utilisent pour la traduction (36 %) et la génération de contenus visuels divers (31 %).

Les dirigeants de TPE-PME n’ayant pas recours à l’IAG l’expliquent avant tout par l’absence d’identification d’usage au sein de leur entreprise (pour 70 % d’entre eux). Un quart relèvent le manque d’expertise de leurs collaborateurs ou d’eux-mêmes et 13 % craignent un mauvais usage des outils (partage de données confidentielles de l'entreprise, manque de vérification des contenus produits par les applications, etc.).

 

Retrouvez l’enquête complète ainsi que les analyses sectorielles et régionales sur :

La forme des TPE-PME en 2024 : un défi pour tous les secteurs, en particulier l'Industrie, le Tourisme et le Commerce

 

Condition de réalisation de l’étude

La 80e enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance Le Lab a été réalisée par interrogation de près de 40 000 entreprises de 1 à 249 salariés entre le 11 novembre et le 4 décembre 2024, par voie postale ou numérique. L’analyse s’appuie sur un échantillon de 4 979 réponses reçues avant le 4 décembre. En plus des questions récurrentes, des questions sur les investissements verts, les difficultés d’approvisionnement et les Prêts Garantis par l’Etat ont été posées à l’ensemble de l’échantillon et des questions sur l’intelligence artificielle générative ont été posées aux entreprises sondées numériquement. Les réponses à l’ensemble de ces questions supplémentaires ont été redressées par taille et secteur d’activité.

[1] Solde d’opinion : différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative.

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