Paris, le 13 juin 2025 – Cette 15ème enquête de conjoncture, basée sur les retours de plus de 600 entreprises, permet de dresser la situation et les perspectives des entreprises de taille intermédiaire (ETI) en termes d’activité, d’emploi, d’investissement et de trésorerie. Elle se concentre également sur leurs projets de décarbonation et les principaux risques qu’elles identifient à l’international pour 2025.
- En 2025, les carnets de commandes des ETI françaises sont attendus en dégradation après s’être déjà dégarnis l’an passé. Les difficultés de demande touchent désormais plus de la moitié d’entre elles et deviennent le premier frein à leur bonne marche. Dans ce contexte, l’activité et les embauches sont de nouveau prévues en ralentissement, le plus marqué dans les Services.
- En dépit d’une détérioration de la trésorerie des ETI l’an dernier, l’accès aux financements de court et de long terme ne s’est pas durci. Cette année, la montée des contraintes de demande devrait toutefois à nouveau peser sur leur trésorerie, quel que soit le secteur.
- La faiblesse de la demande et la dégradation de la trésorerie conduisent les ETI à prévoir de freiner leurs investissements cette année, après les avoir déjà ralentis en 2024.
- L’inquiétude quant à l’environnement international (tensions géopolitiques et commerciales, montée de la concurrence) est, assez logiquement, plus marquée chez les ETI industrielles et/ou internationalisées. Mais les plus internationalisées restent, dans l’ensemble, plus optimistes sur leurs perspectives d’activité et d’emploi que les non-internationalisées. Le constat est le même chez les innovantes qui, malgré les inquiétudes, restent plus optimistes que la moyenne.
- En revanche, les ETI internationalisées et les innovantes ne sont pas plus optimistes que les autres quant à leurs dépenses d’investissement à venir, malgré donc des perspectives d’activité plus résilientes. L’investissement semble ainsi être la variable la plus touchée par les incertitudes actuelles, en particulier dans l’Industrie.
- Les investissements environnementaux seraient plus résilients, même s’ils se tasseraient quelque peu cette année. Ils ne sont par ailleurs pas remis en cause à plus long terme : 62 % des ETI prévoient de les augmenter au-delà de 2025 (une proportion stable sur un an).
« Les ETI anticipent un ralentissement de l’activité et des embauches cette année, en cohérence avec la tendance macroéconomique observée en France. Les difficultés de demande se font plus prégnantes et s’ajoutent à l’inquiétude liée à un environnement international plus instable, ce qui freine leurs investissements. Malgré ce contexte moins favorable, les ETI comptent poursuivre leur transition environnementale : les investissements verts résisteraient mieux que les autres cette année et près des 2/3 des dirigeants envisagent de les accroitre au-delà de 2025. Les ETI semblent avant tout patienter, ayant besoin de plus de visibilité pour lancer des projets. » estime Philippe Mutricy Directeur des Etudes de Bpifrance.
- Les ETI affrontent des difficultés de demande croissantes, avec des carnets de commandes attendus en nette dégradation cette année. L’activité et les embauches ralentiraient donc en 2025, en particulier dans les Services.
Après s’être déjà sensiblement dégarnis en 2024, les carnets de commandes sont de nouveau attendus en dégradation en 2025 : le solde d’opinion[1] associé perd près de 12 points sur un an et tombe en territoire négatif, à -6 (soit un niveau de 16 points inférieur à sa moyenne historique). Ainsi, les perspectives de demande dégradées deviennent le premier frein à l’activité des ETI, touchant désormais 52 % d’entre elles (+10 points sur un an).
Dans ce contexte, l’activité des ETI ralentirait : à +10, le solde d’opinion relatif à l’évolution du chiffre d’affaires cette année perd 20 points sur un an. Comme pour les carnets de commandes, le ralentissement serait particulièrement marqué du côté des Services : les soldes d’opinion perdent respectivement 23 et 24 points dans le Commerce / Transport / Tourisme et les autres Services, et tombent à +3 et +22. L’activité résisterait un peu mieux dans l’Industrie / Construction, l’indicateur refluant de 8 points. L’activité dans ce secteur resterait malgré tout peu dynamique : à +8, l’indicateur prévisionnel est inférieur de 22 points à sa moyenne historique.
À l’instar de l’activité, les créations d’emploi en France ralentiraient : le solde d’opinion prévisionnel diminue de 18 points pour s’établir à +7, soit un niveau inférieur de 14 points à sa moyenne de long terme. Dès lors, les difficultés de recrutement continuent de se dissiper et ce, quel que soit le secteur d’activité. Elles concernent désormais 46 % des ETI en moyenne, après 57 % l’an dernier et 75 % en 2023.
- En 2025, les ETI anticipent un ralentissement de leurs activités à l’étranger. Bien que plus inquiètes que les autres par le contexte international instable, les ETI fortement internationalisées restent plus optimistes quant à leurs perspectives d’activité.
40 % des ETI se disent très inquiètes par le contexte international (conflits géopolitiques, tensions commerciales et/ou montée de la concurrence internationale). Toutefois, le niveau d’inquiétude est très contrasté selon les catégories d’ETI. S’agissant des tensions commerciales par exemple, respectivement 35 % et 39 % des ETI industrielles et de celles fortement internationalisées[2] se disent très préoccupées, soit 11 et 15 points de plus qu’en moyenne chez l’ensemble des ETI.
Dans ce contexte, les ETI anticipent un ralentissement de leur activité à l’export en 2025. À +9, le solde d’opinion perd 13 points sur un an et s’établit à un niveau nettement inférieur à sa moyenne historique (+27). Les exportations ralentiraient en particulier chez les ETI fortement internationalisées, le solde d’opinion refluant de 22 points sur un an.
Ces dernières restent malgré tout plus optimistes que les ETI faiblement internationalisées et ce, en dépit d’une inquiétude plus élevée. En témoigne le solde d’opinion relatif à l’évolution des exportations supérieur à celui des ETI faiblement internationalisées (+11 contre -5). Les ETI fortement internationalisées demeurent également, comme par le passé, plus optimistes s’agissant de leurs perspectives d’activité plus globale.
- Le ralentissement de la demande pèse sur la trésorerie des ETI, quel que soit le secteur d’activité. Leurs difficultés d’accès aux financements de court et de long terme ne se sont malgré tout pas accrues.
Après une année 2024 marquée par une situation de trésorerie plus dégradée que l’année précédente, les ETI s’attendent de nouveau à une détérioration en 2025 : elles sont en effet 11 % de plus à prévoir une dégradation de leur trésorerie qu’une amélioration, une proportion supérieure de 7 points à sa moyenne historique. Tous les secteurs d’activité sont concernés, en particulier les Services, où les ETI se montrent bien plus pessimistes que l’an dernier.
Les difficultés d’accès au financement de court et de long terme ne se sont toutefois pas accentuées : environ 1 ETI sur 5 déclarent avoir rencontré des difficultés pour accéder à un crédit de trésorerie ou d’investissement. Une proportion stable sur un an, qui reste proche de sa moyenne historique.
- La faiblesse de la demande, la dégradation de la trésorerie et l’incertitude conduisent les ETI à nettement freiner leurs investissements cette année.
En 2024, les ETI ont nettement freiné leurs investissements, conformément à ce qu’elles avaient anticipé lors de l’enquête précédente. Cette année, les investissements se tasseraient de nouveau : le solde d’opinion prévisionnel baisse de 11 points sur un an et atterrit en territoire négatif, à -1.
Les incertitudes actuelles semblent rendre plus difficile l’engagement des ETI dans des projets d’investissement. Les ETI de l’Industrie / Construction, davantage préoccupées par le contexte international que celles des Services, présentent des perspectives d’investissements plus dégradées que les secondes et ce, en dépit de perspectives d’activité un peu mieux orientées. Le solde relatif à l’évolution de l’investissement pour l’année en cours chute de 20 points dans l’Industrie / Construction et tombe à -11, contre une baisse de 8 et 2 points respectivement dans le Commerce / Transport / Tourisme et les autres Services (à +1 et +10). En outre, contrairement aux perspectives d’activité, les ETI fortement internationalisées ne sont pas plus optimistes s’agissant de l’évolution de leurs investissements que celles faiblement internationalisées.
Dans ce contexte, les ETI restent peu nombreuses à avoir des projets de croissance externe, seulement 12 % envisagent de créer une nouvelle filiale cette année.
- Les investissements verts ralentiraient un peu mais resteraient plus dynamiques que les investissements pris dans leur ensemble. Par ailleurs, le contexte conjoncturel ne remet pas en cause leurs projets à moyen terme.
En 2024, une ETI sur deux avait consacré une fraction de ses investissements à sa transition environnementale, soit une proportion stable sur un an. Toutefois, parmi les ETI ayant investi dans leur décarbonation, la part de celles y ayant consacré plus de 20 % s’est repliée de 6 points.
Les ETI prévoient de ralentir un peu leurs investissements verts cette année : le solde d’opinion prévisionnel baisse de 5 points sur un an, et s’établit à +23. Les dirigeants prévoyant d’augmenter leurs investissements verts restent donc bien plus nombreux que ceux comptant les réduire. Ces investissements ralentiraient le plus dans l’Industrie / Construction (-12 points sur un an, à +20). À moyen terme, les ETI ne semblent pas remettre en cause leur transition : 62 % prévoient d’augmenter leurs investissements verts au-delà de cette année (63 % l’an dernier). Elles sont toutefois moins nombreuses à envisager de les augmenter sensiblement (-7 points à 39 %).
Retrouvez l’enquête complète sur : https://lelab.bpifrance.fr/enquete_eti_2025
Condition de réalisation de l’étude
L’étude se base sur les réponses à la 15ème enquête annuelle de conjoncture de Bpifrance Le Lab, réalisée par l’interrogation de plus de 6500 entreprises de taille intermédiaires entre le 11 mars et le 14 mai 2025, par voie postale ou numérique. L’analyse des questions s’appuie sur un échantillon de 615 réponses de têtes de groupe, ayant domicile en France. Les réponses ont été redressées par taille, secteur et région.
Définition des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI)
La catégorie des entreprises de taille intermédiaire a été introduite par la loi de modernisation de l’économie d’août 2008, et précisée par le décret de décembre 2008. Ce sont les entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie des petites et moyennes entreprises[3], et qui :
- d’une part occupent moins de 5 000 personnes;
- d’autre part ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1,5 Md€ ou un total du bilan annuel n’excédant pas 2 Md€.
Elles se situent donc entre les PME et les grandes entreprises (GE).
[1] Un solde d’opinion est la différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative.
[2] Les ETI fortement internationalisées sont celles réalisant plus de 25 % de leur chiffre d’affaires à l’étranger. Les faiblement internationalisées sont celles y réalisant moins de 5 %.
[3] Entreprises employant moins de 250 personnes et dont le chiffre d’affaires annuel n’excède pas 50 M€ ou le bilan annuel 43 M€