COMMENT GAGNER LA BATAILLE DE LA RÉINDUSTRIALISATION - REGARDS CROISÉS ...
14 Novembre 2024
Temps de lecture : 8min
Paris, le 14 novembre 2024 – Bpifrance Le Lab dévoilait le 15 mai dernier les résultats d’une étude d’une ampleur inédite sur la réindustrialisation, combinant projections économiques d’ici 2035, cartographie du potentiel industriel des territoires, perceptions croisées de citoyens et d’industriels, et analyse des stratégies de croissance des industriels. Après cette étude nationale, Bpifrance Le Lab décline son approche pour 12 régions (toutes les régions métropolitaines hors Corse). Le Grand Est fait ainsi l’objet d’une publication régionale à l’occasion de la Semaine de l’Industrie.
L’industrie occupe une place cruciale dans l’économie de la région
La région Grand Est représente 10% de la valeur ajoutée industrielle française, elle a donc un rôle à jouer vis-à-vis de l’ambition nationale de réindustrialisation.
Plusieurs baromètres l’illustrent. Selon celui d’EY sur l’Attractivité de la France, la région capte 10% des Investissements Directs Etrangers (IDE) accueillis par le pays en 2023, soit 119 IDE, comme KÖSEDAG dans les solutions de clôture et de sécurité à Vitry-le-François et SEW Usocome dans la fabrication de machines à Haguenau et Brumath. Dans le baromètre industriel de la DGE, 8 ouvertures nettes de sites industriels ont été recensées en 2023, parmi lesquelles Brasserie Perle dans l’agroalimentaire à Schiltigheim et Le Coq Sportif dans les biens de consommations à Romilly-sur-Seine. En outre, d’après l’Observatoire des startups et PME industrielles de Bpifrance, 126 start-ups industrielles ont leur siège dans le Grand Est en 2023, soit 5% des sièges des 2 523 start-up industrielles françaises.
Le Grand Est compte 27 zones d’emploi, aux atouts multiples.
La région se distingue particulièrement par ses larges zones foncières (318 Ha de sites clé en main et 1 692 Ha de foncier économique). Elle est traversée par des axes autoroutiers majeurs comme l’A5 (Paris-Langres), l’A31 (Luxembourg-Beaune), l’A26 (Calais-Troyes) et l'A28 (Tours-Le Mans), qui facilitent le transport routier des marchandises, d’autant plus que la région est frontalière. Idéalement situé et desservi, le Grand Est constitue un carrefour d’échanges avec l’Europe et compte plus de 1 000 km de rivières et de canaux navigables. Le Grand Est bénéficie d’un important réseau de voies navigables « grand gabarit » relié aux ports maritimes du Nord.
Quant à son écosystème industriel, le taux d’emploi industriel est supérieur à la moyenne nationale bien que la tendance soit à la destruction d’emplois industriels entre 2017 et 2019. En moyenne 70% des zones d’emploi de la région sont couvertes par le dispositif Territoires d’Industrie. Enfin, la région dispose de quatre sites industriels compris dans les 100 plus grands de France et quatre pôles de compétitivité sont répartis sur la région.
En termes de compétences, les écoles de la région forment 6 733 élèves en dernière année de cursus en voie professionnelle ou BTS dans des formations liées à l'industrie, représentant 9% des talents industriels français, notamment grâce aux IUT offrant des formations spécialisées (logistique et gestion de production industrielle, science des matériaux, compétences pratiques en mécanique, qualité, maintenance industrielle). La région dispose également d’une école de production formant des jeunes en décrochage scolaire, vers des métiers de conducteur d’installation de production, technicien d’usinage, et à des qualifications en métallurgie.
La région est globalement peu exposée aux catastrophes naturelles craintes par les industriels, quoique toutefois sujette aux vagues de chaleur. Enfin, son solde migratoire illustre à lui seul la qualité de vie qu’y trouvent les habitants, le solde entre les arrivées et les départs entre 2014 et 2020 s’élevant à + 1 320 personnes.
Que pensent les 221 industriels et 430 habitants de la région ayant répondu à l’enquête ?
Sur les 2 828 industriels ayant répondu à l’enquête sur leur vision de la réindustrialisation et sur leurs projets industriels, 221 sont implantés dans le Grand Est. Sur les 5 000 citoyens français interrogés sur la réindustrialisation en France et ses implications, 430 habitent la région.
Les dirigeants industriels et habitants sont partagés au sujet de l’état actuel de l’industrie dans la région. Les industriels perçoivent une industrie restée solide dans leur territoire (67%) tandis que les citoyens reconnaissent l’héritage industriel de la région mais sont partagés sur son état actuel. En effet, 36% des citoyens pensent que l’âge de l’industrie dans la région est révolu mais seuls 16% des citoyens pensent que la région n’a jamais été un grand territoire industriel.
Les trois secteurs industriels les plus acceptés dans la commune d’habitation des répondants de la région sont la pharmacie, l’agroalimentaire et le textile. Bien qu’elle ne fasse pas partie de leur top 3, l’industrie de la métallurgie et sidérurgie bénéficie d’une meilleure acceptabilité que dans le reste de la France.
89% des industriels implantés du Grand Est se déclarent attachés à leur territoire.
Cet attachement trouve en partie sa source dans l’histoire personnelle des dirigeants avec le territoire, 53% y ayant grandi. Ils démontrent leur attachement en privilégiant, dans leurs projets de développement, une implantation à proximité de leur usine, plutôt qu’un déménagement ailleurs en France.
67% prévoient une croissance de leur chiffre d’affaires dans les trois ans à venir. Pour une large majorité d’entre eux (54%), cette croissance se traduirait par une nouvelle implantation.
Lorsqu’ils ont un projet de nouvelle implantation, les industriels sondés anticipent d’abord une extension de site (citée par 36%) et dans une moindre mesure une création de site (11%), un déménagement (6%), une relocalisation (5%) et une délocalisation (2%).
Sur les 221 industriels sondés dans le Grand Est, 104 ont exprimé avoir le projet d’une nouvelle implantation en France, dont 47 estiment avoir un besoin foncier inférieur à 2 Ha. Les 3 filières les plus représentées sont l’agroalimentaire, la mine et métallurgie et le bois.
« L’industrie a profondément marqué le territoire français et ses paysages, et va continuer de le faire. Mais cette industrie qui se renouvelle en profondeur, en se décarbonant, en répondant aux nouveaux besoins, regarde de nouveaux critères au moment de choisir son implantation. La sobriété foncière et la pénurie structurelle de compétences en particulier modifient le rapport aux territoires. Et contrairement à une idée reçue, tous ont du potentiel : certains peuvent et souhaitent attirer de grands projets, d'autres s'appuient sur le tissu de leurs PME locales, d’autres encore se découvrent des atouts industriels parce qu’ils proposent un cadre de vie attractif. La mobilisation de ces atouts et la constance dans les stratégies menées en faveur de l’industrie conditionnent la poursuite du mouvement de réindustrialisation pour atteindre 12 points de PIB en 2035. » déclare Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance.
La Région Grand Est, moteur d'une réindustrialisation durable et innovante
Pour Franck Leroy, Président de la Région Grand Est : « La réindustrialisation de notre Région va bien au-delà d’une ambition : c’est une priorité fondamentale pour notre avenir. Le Grand Est, avec son héritage industriel unique, ses infrastructures modernes et son écosystème économique diversifié, se positionne comme un moteur de cette transformation. Notre engagement est de faire de ces atouts des leviers de croissance durable, en bâtissant une industrie plus innovante, résiliente et profondément ancrée dans les territoires.
Nous soutenons activement les entreprises qui investissent et renforcent notre économie locale. Par l’optimisation du foncier industriel, le renforcement des liens entre formation et besoins du marché, et l’appui aux filières stratégiques, nous offrons aux acteurs économiques les moyens de réussir. Notre ambition est d’accompagner une industrie qui génère des emplois durables, s’adapte aux évolutions technologiques et contribue à une transition écologique exemplaire.
La réindustrialisation, c’est aussi une question de souveraineté et de qualité de vie. En relocalisant des activités et en valorisant les savoir-faire locaux, nous renforçons notre autonomie tout en valorisant le talent et la créativité de nos habitants. Le Grand Est s’affirme ainsi comme une région de référence, où industrie et innovation se conjuguent avec durabilité et engagement territorial, pour construire un avenir partagé et résilient. »
Méthodologie de l’étude :
- Un cadrage macroéconomique
- Un travail en chambre, challengé par le Copil et des industriels, pour mesurer – à partir d’une trentaine d’indicateurs – le potentiel de développement industriel des territoires et sa cartographie par zones d’emploi françaises
- Plus de 200 personnes interviewées :
- Dans le cadre de rencontres dans 4 territoires choisis pour leurs caractéristiques industrielles, rassemblant représentants de l’Etat, des Régions, des EPCI, et des industriels, : Figeac le 23 février 2024, Valenciennes le 18 mars, Châteauroux le 27 mars et Besançon le 5 avril. Pour ces rencontres, nous avons été accompagnés par les cabinets Ernst&Young, et Compagnum.
- Dans le cadre d’entretiens réalisés auprès de dirigeants industriels, d’acteurs locaux et d’élus, de chercheurs, d’acteurs de la formation et d’experts de l’industrie.
- Une enquête menée du 15 janvier au 22 mars 2024 auprès de 2828 dirigeants d’entreprises industrielles. Nous avons interrogé les 30 000 unités légales (en excluant les entreprises ayant moins de 10 salariés), ce sont donc les directeurs de site qui nous ont répondu. Dans ces 2828 répondants :
- 8% de start-up industrielles,
- 57% de PME ayant moins de 10 millions d’euros de CA,
- 23% de PME ayant entre 10 et 50 millions d’euros de CA
- 10% d’ETI
- 0,7% de grandes entreprises (soit 20 des 81 grandes entreprises du secteur de l’industrie manufacturière en France).
- Une enquête menée du 14 décembre 2023 au 13 février 2024 auprès d’un échantillon de 5000 citoyens français, représentatif selon le genre, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle et la région. Il est complété par des sur-échantillons sur 49 zones d’emploi spécifiques sur les 306 au total en France métropolitaine (à proximité de sites SEVESO par exemple), représentant 4400 répondants supplémentaires. Cette enquête a été réalisée par Potloc.
Retrouvez l’intégralité de l’étude sur ce lien
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À propos de Bpifrance Le Lab :
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