Les dernières annonces de Donald Trump sur les taxations commerciales et de droits de douane font-elles de la ré-industrialisation de la France une absolue nécessité ? Notre invité, Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d’investissement, propose son analyse.
- Nicolas Dufourcq directeur général de la Banque Publique d'investissement
Évoquant les difficultés structurelles que le nouvel antagonisme américain tend à souligner, Nicolas Dufourcq, directeur de la banque publique d'investissement, propose sa lecture et ses solutions très libérales pour l'économie française et européenne.
Faire le constat des difficultés
Nicolas Dufourcq est explicite, à ses yeux la France est en retard sur ses concurrents et le covid n'a fait qu'aggraver ces défaillances : "Oui, il y a un nombre important de défaillances, mais c'est aussi beaucoup le rattrapage de la période covid." Ces problématiques sont renforcées par notre dépendance collective à certains secteurs clés détenus par les américains : comme le cloud. Il explique que le français moyen passe sa journée à utiliser des outils américains sur des canaux américains : sortir de cette dépendance lui paraît difficilement probable étant donné le retard qui est le nôtre. La volonté de réarmer l'Europe ou d'accentuer la "transition énergétique" doit passer par l'examen de nos dépenses explique-t-il.
Abattre l'État-providence ?
Nicolas Dufourcq désigne immédiatement son ennemi et ce qu'il pense être le principal frein à la compétitivité française : le système de protection sociale. La France est un pays qu'il considère comme vivant au-dessus de ses moyens. Il parle de "coût du travail" et de "charges sociales" en estimant que c'est essentiellement à ces erreurs qu'on doit notre retard, il compare d'ailleurs notre situation à celle de la Chine : "J'insiste, il n'y a pas d'Etat-providence en Chine", donc ils peuvent se le payer. Le problème de l'Europe, c'est qu'elle mette 30% de sa richesse dans l'État-providence."
Loin de modérer son propos, le haut fonctionnaire s'attaque aux retraites ; selon lui la France décide de créer un moment de "loisir entre 62 et 75 ans" après la "soi-disant vie difficile du travail" et consacre entre "deux et trois points de sa richesse nationale, de plus que les pays européens" dans le "loisir" de la retraite. L'ancien chef d'entreprise n'est pas d'accord avec ce choix français d'octroyer "du temps de loisir à ces faux vieux qui ont 62, 65, 66, 70 ans, qui sont en fait de vrais jeunes". Cet argent gaspillé va selon lui devoir aller dans le budget de la défense, l'occasion de faire d'une pierre deux coups et de se réarmer tout en détruisant l'État social.
Le directeur de la banque publique d'investissement voit dans la situation des européens et des français en particulier le résultat de politiques publiques trop généreuses. Mais, pour pouvoir tenir tête aux puissances illibérales du monde, devrait-on nécessairement mettre au travail nos faux vieux de 70 ans?
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