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COMMENT GAGNER LA BATAILLE DE LA RÉINDUSTRIALISATION ? REGARDS CROISÉS ENTRE TERRITOIRES, INDUSTRIELS ET HABITANTS DE LA RÉGION NORMANDIE

14 Novembre 2024

Temps de lecture : 7min

Paris, le 14 novembre 2024 – Bpifrance Le Lab dévoilait le 15 mai dernier les résultats d’une étude d’une ampleur inédite sur la réindustrialisation, combinant projections économiques d’ici 2035, cartographie du potentiel industriel des territoires, perceptions croisées de citoyens et d’industriels, et analyse des stratégies de croissance des industriels. Après cette étude nationale, Bpifrance Le Lab décline son approche pour 12 régions (toutes les régions métropolitaines hors Corse). La Normandie fait ainsi l’objet d’une publication régionale à l’occasion de la Semaine de l’Industrie.

 

L’industrie occupe une place cruciale dans l’économie de la région Normandie

Au sein de la région Normandie, l’industrie manufacturière représente 17,5 % de la valeur ajoutée totale produite. A l’échelle de la France, la Normandie représente 7 % de la Valeur Ajoutée industrielle totale en 2021, elle a ainsi un rôle à jouer vis-à-vis de l’ambition nationale de réindustrialisation.

Plusieurs baromètres l’illustrent. Selon celui d’EY sur l’Attractivité de la France, la région capte 5% des Investissements Directs Etrangers (IDE) accueillis par le pays en 2023, soit 56 IDE, comme Eastman dans le recyclage du plastique à Port-Jérôme-sur-Seine et Murata dans les condensateurs en silicium à Caen. Dans le baromètre industriel de la DGE, 24 ouvertures nettes de sites industriels ont été recensées en 2023, parmi lesquelles Hermès dans la maroquinerie à Louviers, et OGreen Lab dans la production de cannabidiol (CBD) à Amayé-sur-Seulles. En outre, d’après l’Observatoire des startups et PME industrielles de Bpifrance, 50 start-ups industrielles ont leur siège en Normandie en 2023.

 

La Normandie compte 21 zones d’emploi aux atouts multiples.

La région est inégalement pourvue en foncier, elle dispose de 203 Ha de sites clés en main (contre 171 en moyenne par région) mais de seulement 57 Ha de foncier économique (contre 236 en moyenne par région), la quasi-totalité de ce foncier se concentre dans les zones d’emploi de Rouen, Le Havre, Cherbourg et Caen. La Normandie est traversée par divers axes autoroutiers qui facilitent le transport routier des marchandises. Les ports du Havre, de Rouen, de Cherbourg et de Caen-Ouistreham sont des plateformes multimodales stratégiques pour la logistique et font de la région une des plus importantes en termes de commerce maritime. Enfin, sa proximité à la région parisienne offre des avantages pour le relai international.

Quant à son écosystème industriel, la région se distingue par un taux d’emploi industriel important, ce qui place la région dans le top 3 des régions françaises en termes d’emploi industriel. La tendance est à la création d’emplois industriels entre 2017 et 2019 : le solde des créations et des destructions s’élève à 301. Enfin, en moyenne 56 % des zones d’emploi de la région sont couvertes par le dispositif Territoires d’Industrie. Enfin, la région dispose de quatre sites industriels compris dans les 100 plus grands de France et trois pôles de compétitivité sont répartis sur la région.

En termes de compétences, les écoles de la région forment 4 180 élèves en dernière année de cursus en voie professionnelle ou BTS dans des formations liées à l'industrie, représentant 6% des talents industriels français, notamment grâce aux IUT offrant des formations spécialisées (logistique et gestion de production industrielle, science des matériaux, compétences pratiques en mécanique, qualité, maintenance industrielle). La région dispose également de six écoles de production formant des jeunes en décrochage scolaire, vers des métiers de conducteur d’installation de production, technicien d’usinage, et à des qualifications en métallurgie.

La région figure parmi les plus résilientes aux catastrophes naturelles craintes par les industriels, elle est la région la moins sujette aux événements de sécheresse, aux mouvements des argiles et aux vagues de chaleur. Enfin, sur le capital qualité de vie, le solde migratoire négatif entre 2014 et 2020 cache une hétérogénéité entre les différentes zones d’emploi ; Rouen, Caen et le Havre offrent à leurs habitants des solutions de mobilité diverses, Cherbourg et Vire Normandie bénéficient d’un accès à différents services et équipements du quotidien.

 

Que pensent les 117 industriels et 275 habitants de la région ayant répondu à l’enquête ?

Sur les 2 828 industriels ayant répondu à l’enquête sur leur vision de la réindustrialisation et sur leurs projets industriels, 117 sont implantés en Normandie. Sur les 5 000 citoyens français interrogés sur la réindustrialisation en France et ses implications, 275 habitent la région.

Dirigeants industriels et habitants n’ont pas la même vision de la place de l’industrie dans la vie locale. 68% des industriels perçoivent une industrie solide dans leur territoire, au moins dans certains secteurs clés. Les habitants eux sont nettement moins tranchés, leurs réponses reflétant probablement l’hétérogénéité au regard de l’empreinte industrielle des différents territoires au sein de la région. 51% des habitants de la région s’accordent avec la majorité des industriels pour reconnaître une industrie résiliente dans leur territoire, à minima dans des secteurs d’activité clés, alors que les 49% restants pensent que le territoire dans lequel ils vivent n’est pas ou plus « un grand territoire industriel ».

Les trois secteurs industriels les plus acceptés dans la commune d’habitation des répondants de la région sont la pharmacie, l’agroalimentaire et l’électrique et électronique, ce top 3 ne dénote pas une forte spécificité régionale mais on notera qu’en Normandie l’acceptabilité de l’automobile est à 24% vs 19% au niveau national.

 

92% des industriels implantés en Normandie se déclarent attachés à leur territoire.

Cet attachement trouve en partie sa source dans l’histoire personnelle des dirigeants avec le territoire. 41% y ont grandi. Ils démontrent leur attachement en privilégiant, dans leurs projets de développement, une implantation à proximité de leur usine, plutôt qu’un déménagement ailleurs en France.

78% prévoient une croissance de leur chiffre d’affaires dans les trois ans à venir. Pour une large majorité d’entre eux (64%), cette croissance se traduirait par une nouvelle implantation.

Lorsqu’ils ont un projet de nouvelle implantation, les industriels sondés anticipent d’abord une extension de site (citée par 43%) et dans une moindre mesure une création de site en France (12%), un déménagement (6%), une relocalisation (1%) et une création de site à l’étranger (2%).

Sur les 117 industriels sondés en Normandie, 63 ont exprimé avoir le projet d’une nouvelle implantation en France, dont 35 estiment avoir un besoin foncier inférieur à 2 Ha. Les 3 filières les plus représentées sont les mines et métallurgie, l’agroalimentaire, et la mode / luxe.

 


Méthodologie de l’étude :

  • Un cadrage macroéconomique
  • Un travail en chambre, challengé par le Copil et des industriels, pour mesurer – à partir d’une trentaine d’indicateurs – le potentiel de développement industriel des territoires et sa cartographie par zones d’emploi françaises
  • Plus de 200 personnes interviewées :
    • Dans le cadre de rencontres dans 4 territoires choisis pour leurs caractéristiques industrielles, rassemblant représentants de l’Etat, des Régions, des EPCI, et des industriels, : Figeac le 23 février 2024, Valenciennes le 18 mars, Châteauroux le 27 mars et Besançon le 5 avril. Pour ces rencontres, nous avons été accompagnés par les cabinets Ernst&Young, et Compagnum.
    • Dans le cadre d’entretiens réalisés auprès de dirigeants industriels, d’acteurs locaux et d’élus, de chercheurs, d’acteurs de la formation et d’experts de l’industrie.
  • Une enquête menée du 15 janvier au 22 mars 2024 auprès de 2828 dirigeants d’entreprises industrielles. Nous avons interrogé les 30 000 unités légales (en excluant les entreprises ayant moins de 10 salariés), ce sont donc les directeurs de site qui nous ont répondu. Dans ces 2828 répondants :
    • 8% de start-up industrielles,
    • 57% de PME ayant moins de 10 millions d’euros de CA,
    • 23% de PME ayant entre 10 et 50 millions d’euros de CA
    • 10% d’ETI
    • 0,7% de grandes entreprises (soit 20 des 81 grandes entreprises du secteur de l’industrie manufacturière en France).
  • Une enquête menée du 14 décembre 2023 au 13 février 2024 auprès d’un échantillon de 5000 citoyens français, représentatif selon le genre, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle et la région. Il est complété par des sur-échantillons sur 49 zones d’emploi spécifiques sur les 306 au total en France métropolitaine (à proximité de sites SEVESO par exemple), représentant 4400 répondants supplémentaires. Cette enquête a été réalisée par Potloc.

 


Retrouvez l’intégralité de l’étude sur ce lien

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Tél. : 06 58 53 89 76

raphaelle.renaudin@bpifrance.fr

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