COMMENT GAGNER LA BATAILLE DE LA RÉINDUSTRIALISATION ? REGARDS CROISÉS ENTRE ...
14 Novembre 2024
Temps de lecture : 6min
Paris, le 14 novembre 2024 – Bpifrance Le Lab dévoilait le 15 mai dernier les résultats d’une étude d’une ampleur inédite sur la réindustrialisation, combinant projections économiques d’ici 2035, cartographie du potentiel industriel des territoires, perceptions croisées de citoyens et d’industriels, et analyse des stratégies de croissance des industriels. Après cette étude nationale, Bpifrance Le Lab décline son approche pour 12 régions (toutes les régions métropolitaines hors Corse). La région Bourgogne-Franche-Comté fait ainsi l’objet d’une publication régionale à l’occasion de la Semaine de l’Industrie.
L’industrie occupe une place notable dans l’économie de la région.
En Bourgogne-Franche-Comté, l’industrie manufacturière représente 15 % de la valeur ajoutée produite. La région Bourgogne-Franche-Comté représente 5% de la valeur ajoutée industrielle française, elle a un rôle à jouer vis-à-vis de l’ambition nationale de réindustrialisation.
Plusieurs baromètres l’illustrent. Selon celui d’EY sur l’Attractivité de la France, la région capte 7% des Investissements Directs Etrangers (IDE) accueillis par le pays en 2023, soit 83 IDE, comme Neotiss dans le nucléaire à Venarey-les-Laumes ou encore The Mediterranean Food Lab dans les protéines alternatives à Dijon. Dans le baromètre industriel de la DGE, 10 ouvertures nettes de sites industriels ont été recensées en 2023, parmi lesquelles Inocel dans les piles à combustible et McPhy dans les électrolyseurs à Belfort. En outre, d’après l’Observatoire des startups et PME industrielles, 76 start-ups industrielles ont leur siège en Bourgogne-Franche-Comté en 2023, soit 3% des sièges des 2 523 start-up industrielles françaises.
La Bourgogne-Franche-Comté compte 20 zones d’emploi, aux atouts multiples.
La région dispose d’une surface notable de foncier économique (569 Ha contre 423 en moyenne par région). Elle est traversée par des axes autoroutiers allant notamment vers l’étranger, comme l’A36 qui relier Besançon à Mulhouse et permet de rejoindre l’Allemagne et la Suisse, ou encore l’A31 permettant de relier la région à Luxembourg. Les ports fluviaux de de Chalon-sur-Saône, Besançon et de Dijon permettent le transport de marchandises par voie d'eau vers d'autres régions de France et d'Europe.
La région se distingue par un taux d’emplois industriels très important, se plaçant dans le top 3 des régions françaises en termes d’emploi industriel. La tendance est toutefois à la destruction d’emplois industriels entre 2017 et 2019. En moyenne 49% des zones d’emploi de la région sont couvertes par le dispositif Territoires d’Industrie. Enfin, la région dispose de neuf sites industriels compris dans les 100 plus grands de France et quatre pôles de compétitivité sont répartis sur la région.
En termes de compétences, les écoles de la région forment 2 460 élèves en dernière année de cursus en voie professionnelle ou BTS dans des formations liées à l'industrie, représentant 3% des talents industriels français, notamment grâce aux IUT offrant des formations spécialisées (logistique et gestion de production industrielle, science des matériaux, compétences pratiques en mécanique, qualité, maintenance industrielle). La région dispose également de quatre écoles de production formant des jeunes en décrochage scolaire, vers des métiers de conducteur d’installation de production, technicien d’usinage, et à des qualifications en métallurgie.
La région est partiellement exposée aux catastrophes naturelles craintes par les industriels : si elle est particulièrement exposée aux événements de sécheresse et aux vagues de chaleur, elle est en revanche plus résiliente aux inondations et aux mouvements des argiles.
Que pensent les 114 industriels et 218 habitants de la région ayant répondu à l’enquête ?
Sur les 2 828 industriels ayant répondu à l’enquête sur leur vision de la réindustrialisation et sur leurs projets industriels, 114 sont implantés dans les Hauts-de-France. Sur les 5 000 citoyens français interrogés sur la réindustrialisation en France et ses implications, 218 habitent la région.
La majorité des dirigeants industriels perçoivent une industrie restée solide dans leur territoire, tandis que les citoyens pensent qu’elle n’y est plus vraiment présente. Les industriels pensent notamment que l’industrie a souffert de la désindustrialisation mais qu’elle a réussi à se relever (47%). En revanche, 22% des habitants pensent que l’industrie tenait auparavant une place importante sur leur territoire mais que ce n’est plus le cas aujourd’hui et 36% estiment même que leur territoire n’a jamais été un « grand territoire industriel ».
Les trois secteurs industriels les plus acceptés dans la commune d’habitation des répondants de la région sont la pharmacie, l’agroalimentaire et le textile.
95% des industriels implantés en Bourgogne-Franche-Comté se déclarent attachés à leur territoire.
Cet attachement trouve en partie sa source dans l’histoire personnelle des dirigeants avec le territoire. 49% y ont grandi, et 25% y ont fait leurs études. Ils démontrent leur attachement en privilégiant, dans leurs projets de développement, une implantation à proximité de leur usine, plutôt qu’un déménagement ailleurs en France.
63% prévoient une croissance de leur chiffre d’affaires dans les trois ans à venir. Pour une large majorité d’entre eux (70%), cette croissance se traduirait par une nouvelle implantation.
Lorsqu’ils ont un projet de nouvelle implantation, les industriels sondés anticipent d’abord une extension de site (citée par 36% des dirigeants) et dans une moindre mesure un déménagement de site (11%), une création de site (8%), une délocalisation (4%) et une relocalisation (2%).
Sur les 114 industriels sondés en Bourgogne-Franche-Comté, 56 ont exprimé avoir le projet d’une nouvelle implantation en France, dont 28 estiment avoir un besoin foncier inférieur à 2 Ha. Les 3 filières les plus représentées sont l’agroalimentaire, le bois et les mines et métallurgie.
Méthodologie de l’étude :
- Un cadrage macroéconomique
- Un travail en chambre, challengé par le Copil et des industriels, pour mesurer – à partir d’une trentaine d’indicateurs – le potentiel de développement industriel des territoires et sa cartographie par zones d’emploi françaises
- Plus de 200 personnes interviewées :
- Dans le cadre de rencontres dans 4 territoires choisis pour leurs caractéristiques industrielles, rassemblant représentants de l’Etat, des Régions, des EPCI, et des industriels, : Figeac le 23 février 2024, Valenciennes le 18 mars, Châteauroux le 27 mars et Besançon le 5 avril. Pour ces rencontres, nous avons été accompagnés par les cabinets Ernst&Young, et Compagnum.
- Dans le cadre d’entretiens réalisés auprès de dirigeants industriels, d’acteurs locaux et d’élus, de chercheurs, d’acteurs de la formation et d’experts de l’industrie.
- Une enquête menée du 15 janvier au 22 mars 2024 auprès de 2828 dirigeants d’entreprises industrielles. Nous avons interrogé les 30 000 unités légales (en excluant les entreprises ayant moins de 10 salariés), ce sont donc les directeurs de site qui nous ont répondu. Dans ces 2828 répondants :
- 8% de start-up industrielles,
- 57% de PME ayant moins de 10 millions d’euros de CA,
- 23% de PME ayant entre 10 et 50 millions d’euros de CA
- 10% d’ETI
- 0,7% de grandes entreprises (soit 20 des 81 grandes entreprises du secteur de l’industrie manufacturière en France).
- Une enquête menée du 14 décembre 2023 au 13 février 2024 auprès d’un échantillon de 5000 citoyens français, représentatif selon le genre, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle et la région. Il est complété par des sur-échantillons sur 49 zones d’emploi spécifiques sur les 306 au total en France métropolitaine (à proximité de sites SEVESO par exemple), représentant 4400 répondants supplémentaires. Cette enquête a été réalisée par Potloc.
Retrouvez l’intégralité de l’étude sur https://lelab.bpifrance.fr/industriebourgogne-franche-comte
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