16 Janvier 2024
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Paris, le 16 janvier 2024 – La 78ème enquête de conjoncture, basée sur les retours d’environ 5000 entreprises, permet d’évaluer la situation et les perspectives des TPE-PME en termes d’activité, d’emploi, de trésorerie et d’investissement.
- L’activité des TPE-PME a sensiblement ralenti en 2023 : à +8, le solde d’opinion recule de 19 points sur un an et s’éloigne de sa moyenne de long terme (+14). L’emploi a ralenti dans une moindre mesure, avec un solde d’opinion en baisse de 8 points sur un an à + 6, soit légèrement sous son niveau moyen de long terme (+8). Les TPE sont plus en difficulté, affichant un recul de leur chiffre d’affaires de 2 % en moyenne, quand les PME d’au moins 10 salariés l’estiment en hausse de 2 %.
- Le tassement de l’activité s’étend à l’ensemble des secteurs. La conjoncture apparaît particulièrement dégradée fin 2023 dans les services de Transport. L’activité a également été peu dynamique dans le Commerce et la Construction en 2023, tandis que le Tourisme a encore affiché une croissance plus dynamique que la moyenne, semblant toujours bénéficier d’un effet de rattrapage post-Covid.
- La situation de trésorerie s’est légèrement dégradée en 2023 mais reste meilleure qu’avant crise en moyenne. Les craintes de non-remboursement des PGE restent très faibles (4 % de l’échantillon).
- La hausse du coût du crédit et la faiblesse de la demande pénalisent l’investissement, qui a ralenti en 2023. Plus de la moitié des dirigeants les citent comme des obstacles majeurs. L’accès aux crédits s’est quant à lui légèrement durci mais reste proche des conditions observées avant le début de la crise sanitaire. Du côté des investissements « verts », si la part des TPE-PME déclarant en avoir réalisé a baissé (30 % après 35 % en 2022), les montants investis sont en accélération.
- Les TPE-PME sont peu optimistes pour 2024. À +4, l’indicateur relatif aux perspectives d’activité perd 2 points sur un an et se situe nettement en deçà de sa moyenne historique (+17). Celui sur l’emploi recule de 5 points pour retrouver son niveau moyen historique (+12). Les perspectives s’assombrissent dans la Construction et les Transports, secteurs déjà les plus affectés en 2023, tandis qu’elles se stabilisent dans les autres secteurs. L’investissement poursuivrait son ralentissement en 2024 mais il serait plutôt bien orienté dans l'Industrie.
Pour Philippe Mutricy, Directeur des études de Bpifrance, « L’activité des TPE-PME a ralenti en 2023, notamment à la fin de l’année, avec un refroidissement notable de la plupart des indicateurs. Pour autant, l’atterrissage n’est pas aussi brutal qu’il aurait pu l’être. Le jugement sur la trésorerie disponible, notamment, reste globalement supérieur à sa moyenne de long terme et l’accès au crédit est encore relativement aisé, malgré la forte hausse des taux d’intérêt depuis l’été 2022. En revanche, l’appréciation du niveau d’activité est beaucoup plus contrastée selon la taille des entreprises ou les secteurs d’activité. Les PME de plus de 100 salariés ont conservé un certain dynamisme avec une croissance moyenne de leur chiffre d’affaires de 4% quand les TPE de moins de 10 salariés déclarent un recul de 2 %. »
- L’activité a fortement ralenti en 2023, de même que l’emploi mais dans une moindre mesure
Les TPE-PME ont fait face à un net ralentissement de leur activité en 2023. À +8, le solde d’opinion relatif à l’évolution du chiffre d’affaires recule de 19 points sur un an et de 4 points sur le semestre et s’établit ainsi 6 points en-dessous de sa moyenne historique. En moyenne, le chiffre d’affaires a progressé de +1 % en 2023 après +6 % estimé en 2022. Ce ralentissement de l’activité s’inscrit dans un contexte de tassement de la demande, qui se reflète dans l’amenuisement des carnets de commande en 2023. Les difficultés d’approvisionnement se sont en revanche estompées depuis le printemps, même si elles continuent de limiter significativement l’activité de 36 % des TPE-PME (40 % en mai dernier).
En cohérence avec le ralentissement marqué de l’activité, les embauches ont été moins dynamiques en 2023. Elles ont toutefois mieux résisté que l’activité. À +6, le solde d’opinion perd 8 points sur un an et s’établit désormais légèrement en-dessous de sa moyenne de long terme (+8). Les difficultés de recrutement se sont réduites au second semestre : 78 % des dirigeants déclarent en rencontrer (−4 points depuis mai dernier), dont 36 % les jugent sévères (−6 points), des proportions désormais inférieures à celles observées avant la crise sanitaire (respectivement 83 % et 43 % en moyenne sur 2018-2019), mais toujours plus élevées qu’en moyenne depuis les années 2000.
Le ralentissement de l’activité des TPE-PME est généralisé à l’ensemble des secteurs d’activité et des régions, quelle que soit la taille de l’entreprise, selon une ampleur plus ou moins marquée :
- Le secteur des Transports marque un gros coup d’arrêt. L’activité est également peu dynamique dans le Commerce et la Construction, avec une croissance du chiffre d’affaires proche de 0 %. La croissance est un peu plus soutenue dans l’Industrie et les Services (1 % estimé en moyenne) et reste la plus élevée dans le Tourisme (hausse moyenne du CA estimée à +5 %), qui continue de bénéficier d’un effet de rattrapage post-Covid. Au sein de l’Industrie, la branche agroalimentaire tire son épingle du jeu, avec une croissance estimée à +5 %.
- Au niveau régional, l’activité ralentit très nettement en Bourgogne-Franche-Comté (−26 points), région la moins dynamique par ailleurs avec un chiffre d’affaires estimé en baisse de 1 %, ainsi qu’en Centre-Val de Loire (−27 points). À l’inverse, les TPE-PME d’Île-de-France et de Normandie affichent un ralentissement de leur activité plus modéré cette année que dans les autres régions (solde d’opinion en baisse de respectivement 14 et 15 points sur un an).
- Par taille d’entreprises, les TPE (moins de 10 salariés) estiment que leur chiffre d’affaires a reculé de 2 % en 2023. Les PME d’au moins 10 salariés résistent mieux, tablant sur une croissance de leur chiffre d’affaires de 2 % en moyenne. Plus particulièrement, les PME d’au moins 50 salariés affichent une croissance équivalente à celle observée en moyenne entre 2000 et 2022 (+3,5 %), à l’inverse des plus petites PME.
- Les TPE et PME innovantes et/ou exportatrices font également face à un ralentissement marqué de leur activité, mais connaissent, comme habituellement, une croissance plus soutenue (estimée à +2 % contre 0 % pour leurs homologues non innovantes ou non exportatrices).
- La trésorerie des TPE-PME se dégrade légèrement en 2023 mais reste jugée globalement confortable
L’indicateur relatif à la situation de trésorerie sur les six derniers mois perd 1 point sur le semestre et 2 points sur un an, à −11, mais reste au-dessus de sa moyenne de long terme (−15). La dégradation de la trésorerie depuis 2022 intervient en effet après une situation historiquement confortable en 2021, grâce à la mise en place des dispositifs de soutien public, dont le Prêt Garanti par l’Etat (PGE). 26 % des TPE-PME jugent désormais leur trésorerie difficile, soit un peu plus que l’an passé (24 %) mais moins qu’en moyenne depuis les années 2000 (29 %).
- Les entreprises continuent de consommer leur PGE ; le risque de non-remboursement paraît encore limité à ce stade
Parmi les TPE-PME déclarant avoir souscrit à un PGE (environ la moitié des répondants), 66 % déclarent l’avoir consommé dans sa majorité (après 64 % en mai 2023 et 56 % il y a un an), dont 47 % dans sa quasi-totalité. Le risque de non-remboursement des PGE reste limité. 20 % des dirigeants interrogés auraient remboursé leur prêt intégralement fin 2023 (14 % fin 2022) tandis que 75 % envisageaient d’amortir leur prêt sur plusieurs années. Seuls 4 % des répondants craignent ne pas être en mesure de rembourser leur prêt, une proportion stable par rapport au printemps et en légère baisse sur un an (5 % en novembre 2022), qui reste dans la fourchette observée depuis que la question est posée (entre 4 et 6 %).
- L’investissement ralentit en 2023, dans un contexte de forte hausse du coût du crédit et de perspectives de demande dégradées
L’accès au financement des TPE-PME s’est légèrement durci ce semestre, mais reste encore relativement souple : 13 % d’entre elles déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur trésorerie (+1 point en six mois) et 11 % pour financer leurs investissements (+0,5 % sur le semestre), des proportions proches de celles observées avant la crise sanitaire. Et ce malgré le net resserrement de la politique monétaire entre juillet 2022 et septembre 2023, qui s’est traduit par une forte hausse des taux d’intérêt accordés par les banques aux entreprises. Le coût du crédit apparaît ainsi comme le principal obstacle à l’investissement des TPE-PME, cité par 56 % d’entre elles, une proportion en hausse continue depuis deux ans (48 % en mai dernier, 34 % il y a un an et 10 % il y a deux ans). La faiblesse de la demande est le deuxième obstacle le plus cité, dans une proportion là aussi plus importante qu’au semestre précédent (par 52 % des TPE-PME après 48 % en mai dernier).
Dans cet environnement, l’investissement se tasse en 2023. Les TPE-PME sont un peu moins nombreuses à avoir réalisé ou prévu des investissements en 2023 (46 % après 47 % en 2022, un niveau bien inférieur à celui observé avant crise − 50 % en 2019). Les montants investis sont en net ralentissement : à −5, l’indicateur perd 4 points sur un an et s’inscrit désormais sous sa moyenne de long terme (−2).
La part des TPE-PME ayant réalisé des investissements verts au cours de l’année 2023 diminue pour atteindre 30 %, après 35 % en 2022 et 42 % en 2021. Le solde d’opinion sur l’évolution des montants investis au titre de la TEE progresse en revanche de 2 points, à l’inverse de celui relatif aux investissements totaux. 17 % de dirigeants ont augmenté ou prévu d’augmenter leurs investissements verts en 2023 tandis que 10 % les ont réduits.
- Les chefs d’entreprises interrogés sont peu confiants quant aux perspectives d’activité pour 2024
L’indicateur prévisionnel d’activité perd 2 points sur un an à +4 et s’éloigne ainsi fortement de sa moyenne de longue période (+17). Les perspectives d’activité se dégradent fortement dans la Construction et les Transports (resp. −13 et −11 points), tandis qu’elles se stabilisent dans les autres secteurs (+/− 1 point). L’indicateur prévisionnel d’activité demeure élevé dans le Tourisme, où il dépasse son niveau moyen de long terme. Les intentions d’emploi sont également moins bien orientées que l’an passé. L’indicateur prévisionnel recule de 5 points mais s’établit au niveau moyen observé depuis 2000.
Les TPE-PME s’attendent à une nouvelle dégradation de leur situation financière en 2024. L’indicateur sur l’évolution future de la trésorerie recule de 7 points sur le semestre et s’établit à un niveau nettement inférieur à sa moyenne de longue période. L’indicateur prévisionnel de rentabilité s’améliore certes par rapport à l’an passé mais demeure largement inférieur à sa moyenne historique. 20 % des dirigeants anticipent une baisse de rentabilité de leur entreprise en 2024 contre 16 % une hausse.
Les dépenses d’investissement seraient peu dynamiques en 2024, le solde d’opinion, en baisse d’un point, s’inscrivant 3 points sous sa moyenne de long terme. L’investissement serait mieux orienté dans l’industrie : les TPE-PME industrielles seraient un peu plus nombreuses à investir en 2024, et le solde d’opinion sur l’évolution anticipée des montants investis se stabilise à un niveau proche mais inférieur à sa moyenne de long terme.
Retrouvez l’enquête complète ainsi que les analyses sectorielles et régionales sur : https://lelab.bpifrance.fr/enquetetpepmejanvier2024
Condition de réalisation de l’enquête
La 78e enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance Le Lab a été réalisée par interrogation de près de 40 000 entreprises de 1 à 249 salariés entre le 9 novembre et le 5 décembre 2023, par voie postale ou numérique. L’analyse s’appuie sur un échantillon de 4 999 réponses reçues avant le 6 décembre. En plus des questions récurrentes, des questions sur les difficultés d’approvisionnement et les Prêts Garantis par l’Etat ont été posées à l’ensemble de l’échantillon. Les réponses à l’ensemble de ces questions supplémentaires ont été redressées par taille et secteur d’activité.
Solde d’opinion : différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative.
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