10 janvier 2023

Bpifrance Le Lab présente la 76ème enquête de conjoncture auprès des PME : une étude sur la situation des TPE-PME à fin-2022 et leurs perspectives 2023, dans un contexte de crise énergétique

Paris, le 10 janvier 2023 – La 76ème enquête de conjoncture, basée sur les retours de 4 590 entreprises, permet d’évaluer la situation et les perspectives des TPE-PME en termes d’activité, d’emploi, de trésorerie et d’investissement, dans un contexte de crise énergétique.
 
  • Après un net rebond en 2021, l’activité des TPE-PME a ralenti en 2022. Elle est restée toutefois plutôt dynamique, dans un contexte de légère atténuation des tensions sur les approvisionnements : à +27, le solde d’opinion recule de 8 points sur un an mais reste supérieur à sa moyenne de long terme (+14). Dans ce contexte, et malgré des difficultés de recrutement persistantes, l’emploi reste relativement dynamique.
 
  • Le ralentissement de l’activité touche tous les secteurs en fin d’année, même si le Tourisme et les Transports ont globalement bénéficié d’un effet de rattrapage post-Covid en 2022. Le ralentissement est le plus prononcé dans la Construction et le Commerce, alors que l’Industrie résiste mieux.
 
  • Les hausses de coûts, en particulier énergétiques, pèsent sur la situation financière des TPE-PME, qui s’est dégradée et devrait continuer à se détériorer durant les prochains mois, partant d’un niveau très favorable fin 2021. Pour amortir le choc, les TPE-PME puisent dans leur PGE : fin 2022, 57 % l’ont consommé en majorité (+10 points sur un an). Elles sont aussi nombreuses à augmenter leurs prix de vente (72 % d’entre elles).
 
  • Dans un contexte où les conditions d’accès aux financements se durcissent mais restent jugées encore favorables, l’investissement ralentit en 2022.
 
  • Pour 2023, la persistance attendue des difficultés d’approvisionnement et surtout la hausse de la facture énergétique, pèsent sur la confiance des dirigeants. À +6, l’indicateur relatif aux perspectives d’activité perd 25 points sur un an, atterrissant nettement sous sa moyenne historique (+17). Celui sur l’emploi baisse mais dans une moindre mesure, et reste au-dessus de sa moyenne de long terme. Les perspectives d’investissement seraient atones.
 
  • À court terme, si 54 % des TPE-PME consommatrices d’électricité seraient protégées des fortes fluctuations des prix de marché (contrat indexé sur le tarif réglementé ou à prix fixe avec renouvellement après 2023), les entreprises industrielles semblent plus vulnérables : 35 % d’entre elles ont un contrat à prix fixe avec un renouvellement prévu avant fin 2023 ou un contrat indexé sur le prix de marché, contre 20 % tous secteurs confondus.

Pour Philippe Mutricy, Directeur des études de Bpifrance, « Partant d’une situation plutôt confortable, les TPE-PME ont fait preuve de résilience en 2022, malgré des contraintes de production persistantes et la hausse des prix de l’énergie. Afin d’amortir le choc, elles ont notamment puisé dans leur PGE et augmenté leurs prix de vente. Alors que les marges de manœuvre se réduisent, les perspectives s’assombrissent pour 2023, en particulier pour les entreprises les plus exposées à la crise énergétique. Les indicateurs laissent attendre une activité et un investissement atone cette année. »

1. En 2022, l’activité et l’emploi ralentissent mais restent dynamiques

Après un net rebond en 2021, l’activité des TPE-PME ralentit en 2022, même si elle reste plutôt dynamique. À +27, le solde d’opinion relatif à l’évolution du chiffre d’affaires
[1] perd 8 points sur un an mais en gagne 3 sur le semestre et reste nettement au-dessus de sa moyenne historique (+14). En moyenne, le chiffre d’affaires augmenterait de +5,7 % en 2022 après +7 % en 2021. Cette dynamique reste néanmoins à nuancer, reflétant probablement en partie l’augmentation des prix de vente, en réaction à la nette hausse des coûts de production.

Malgré le ralentissement de l’activité et des difficultés de recrutement toujours prégnantes, les embauches sont restées allantes cette année. À +14, le solde d’opinion perd 2 points sur un an mais reste bien au-dessus de sa moyenne de long terme (+8). 82 % des dirigeants déclarent pourtant rencontrer des difficultés de recrutement, et 44 % les jugent même sévères, des proportions proches de celles observés avant crise (respectivement 83 % et 43 % en moyenne sur 2018-2019). Dans ce contexte de tensions sur les recrutements mais aussi d’inflation élevée, 72 % des dirigeants de TPE-PME ont augmenté les salaires de leurs collaborateurs en 2022 ; un tiers leur ont accordé une hausse de plus de 5 %.

Au cours des derniers mois, les difficultés d’approvisionnement se sont stabilisées, voire atténuées légèrement : en novembre 2022, 72 % des TPE-PME y sont confrontées (74 % en mai dernier), dont 60 % déclarent qu’elles limitent leur activité (62 % en mai). La hausse du coût de l’énergie pèse sur leur résultat même si l’impact reste limité à ce stade : 55 % des dirigeants jugent que l’évolution du coût de l’énergie a un impact négatif significatif sur le résultat de leur entreprise en 2022 mais seuls 5 % estiment que cela le fait basculer en territoire négatif (environ 10 % pour l’Industrie et le Tourisme).

L’évolution de l’activité des TPE-PME est contrastée selon le secteur d’activité et les régions en 2022 :
  • Poursuivant le rattrapage amorcé en 2021, l’activité dans le Tourisme est particulièrement dynamique (solde d’opinion à +57, +40 points sur un an). L’activité est également allante dans les Transports (+44, soit +12 points sur un an). À l’inverse, elle ralentit dans les autres secteurs, le plus nettement dans le Commerce et la Construction. L’Industrie résiste mieux : à +36, l’indicateur perd 10 points sur un an mais reste très largement au-dessus de sa moyenne de long terme (+16).
  • C’est en Centre-Val de Loire que l’activité aurait été la plus dynamique, les TPE-PME tablant sur une croissance de +8,1 % pour 2022 (après +6,0 % en 2021). L’activité serait en revanche la moins dynamique en Nouvelle-Aquitaine (+4,4 %) et en Normandie (+4,6 %), et dans une moindre mesure les Pays de la Loire (+5,0 %), où le solde d’opinion affiche le plus fort recul sur un an (−19 points à +27).
  • Les TPE-PME innovantes et/ou exportatrices font part d’un plus grand optimisme que leurs homologues non-innovantes et/ou non- exportatrices.

2. Dans un contexte de hausse des coûts de production, la trésorerie des TPE-PME se dégrade en 2022

Après avoir atteint son plus haut niveau historique il y a un an, l’indicateur relatif à la situation de trésorerie sur les six derniers mois perd 11 points sur un an, à −9, mais reste au-dessus de sa moyenne de long terme (−15). Afin d’amortir l’impact de la hausse des coûts sur leur situation financière, les TPE-PME sont 72 % à avoir augmenté leur prix de vente en 2022.

3. Face à l’augmentation des coûts, les entreprises puisent dans leur PGE. Le risque de non-remboursement reste limité à ce stade

Parmi les TPE-PME déclarant avoir souscrit à un PGE (la moitié des répondants), 57 % déclarent l’avoir consommé dans sa majorité (contre 53 % en mai 2022 et 47 % en novembre 2021), dont 38 % dans sa quasi-totalité (contre 29 % en novembre 2021). S’agissant de l’horizon de remboursement, 81 % des dirigeants interrogés envisagent d’amortir leur prêt sur plusieurs années (76 % il y a 6 mois). Ainsi, le prêt serait en partie utilisé pour amortir le choc sur les coûts, notamment énergétiques. Le risque de crédit attaché au remboursement des PGE reste relativement limité. 5 % des répondants craignent ne pas être en mesure de rembourser leur prêt, une proportion stable sur un an (6 % en mai dernier et 5 % en novembre 2021).

4. L’investissement ralentit en 2022, dans un contexte où les conditions d’accès au financement se durcissent mais restent dans l’ensemble jugées aisées

Les TPE-PME bénéficient toujours de conditions de financement favorables mais celles-ci commencent à se durcir : 12 % d’entre elles déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur trésorerie et 11 % pour financer leurs investissements (+2 points en six mois).

Les chefs d’entreprises mentionnent plus de freins à l’investissement ce semestre. Si la faiblesse de la demande reste, comme habituellement, le principal obstacle (cité par 50 % des TPE-PME contre 44 % en novembre 2021), c’est le coût du crédit qui connaît la hausse la plus marquante : il constitue désormais un frein pour 34 % des TPE-PME (+24 points sur un an), dans un contexte de net resserrement de la politique monétaire.

Dans cet environnement, la part des TPE-PME qui investissent en 2022 est stable sur un an (47 %) mais inférieure à son niveau observé avant crise (51 % fin 2019). En revanche, les montants investis ralentissent : l’indicateur perd 8 points pour s’établir à −1, proche de sa moyenne de long terme (−2). Bien que la part de TPE-PME industrielles investissant en 2022 reste élevée (59 % contre 58 % fin 2019), les montants investis se tassent sensiblement (−16 points, légèrement au-dessus sa moyenne historique).

5. En 2023, les chefs d’entreprises interrogés anticipent un net ralentissement de l’activité et de l’investissement, ainsi que des embauches moins dynamiques

L’indicateur prévisionnel d’activité chute de 25 points sur un an à +6 et se retrouve inférieur de 11 points à sa moyenne de longue période. La forte incertitude entourant l’environnement économique, les difficultés d’approvisionnement, anticipées encore prégnantes, et la facture énergétique attendue en hausse, expliquent vraisemblablement ce repli. Dans ce contexte peu favorable et surtout incertain, les embauches seraient moins dynamiques en 2023 même si elles résisteraient mieux que l’activité. Côté salaires, les augmentations concerneraient 42 % des TPE-PME, 14 % les voyant plus importantes qu’en 2022.

La situation de trésorerie des TPE-PME continuerait à se dégrader en 2023 : l’indicateur recule de 3 points sur le semestre et 12 points sur un an, à −15, soit nettement sous sa moyenne de long terme (−4). De plus, les dirigeants s’attendent à une détérioration de la rentabilité de leur entreprise en 2023 : 15 % anticipent une hausse contre 24 % une baisse (respectivement 24 % et 12 % fin 2021 pour 2022).

L’investissement se tasserait nettement également en 2023 : l’indicateur sur l’évolution anticipé des dépenses d’investissement perd 7 points sur un an à +11 et passe sous sa moyenne de long terme (+14).


6. Les entreprises industrielles sont plus vulnérables aux évolutions du prix de l’énergie à court terme

54 % des TPE-PME consommatrices d’électricité seraient protégées à horizon 2023 des fortes fluctuations des prix de marché (contrat indexé sur le tarif réglementé ou à prix fixe avec renouvellement après 2023). Les entreprises industrielles apparaissent plus vulnérables aux hausses de prix de l’énergie, en proportion plus nombreuses à devoir renouveler leur contrat d’électricité à prix fixe avant fin 2023 ou avoir un contrat indexé sur le prix de marché (35 % contre 20 % tous secteurs confondus). S’agissant du gaz, 41 % des entreprises concernées apparaissent vulnérables aux hausses de prix à court terme (13 % de l’échantillon).

Une trop forte hausse de la facture énergétique pourrait entraver les projets des TPE-PME. Celles-ci sont toutefois en grande majorité dans l’incertitude quant au seuil de prix qui déclencherait de telles décisions : 63 % ne savent pas à partir de quel prix de l’électricité leurs projets d’investissement seraient suspendus. C’est 66 % s’agissant du seuil déclenchant une réduction de l’activité et 78 % une cessation.

Retrouvez l’enquête complète ainsi que les analyses sectorielles et régionales sur : 
Bpifrance Le Lab - 76e enquête semestrielle de conjoncture PME


Condition de réalisation de l’enquête
La 76e enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance Le Lab a été réalisée par interrogation de 40 000 entreprises de 1 à 249 salariés entre le 2 et le 28 novembre 2022, par voie postale ou numérique. L’analyse s’appuie sur un échantillon de 4 590 réponses reçues avant le 28 novembre. En plus des questions récurrentes, des questions sur les difficultés d’approvisionnement, l’évolution des salaires et des prix, et les problématiques énergétiques ont été posées à l’ensemble de l’échantillon. Les réponses à l’ensemble de ces questions supplémentaires ont été redressées par taille et secteur d’activité.
 
[1] Solde d’opinion : différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative.

À propos de Bpifrance Le Lab :

Bpifrance Le Lab est un laboratoire d’idées lancé en mars 2014 pour « faire le pont » entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise. Le Lab est un « dérouteur » d’idées reçues pour Bpifrance et les dirigeants d’entreprise, de la start-up à l’ETI.

Bpifrance Le Lab décrypte les déterminants de la croissance et éclaire les chefs d’entreprise dans un monde de ruptures à la fois économiques, sociétales et environnementales, avec deux finalités :

- participer à l’amélioration des pratiques de financement et d’accompagnement de Bpifrance ;

- stimuler la réflexion stratégique des dirigeants et favoriser la croissance de leur entreprise.

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