08 Juin 2023
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Paris, le 8 juin 2023 – Cette 13e enquête de conjoncture dresse les perspectives des entreprises de taille intermédiaire (ETI) pour 2023, dans un contexte d’inflation élevée et de tensions sur les coûts de production, en particulier énergétiques.
- Les ETI françaises anticipent un ralentissement de leur activité en 2023, freinée par des contraintes de production (hausse des coûts, en particulier énergie et salaires, et difficultés de recrutement) et de demande (tassement des carnets de commandes). Le ralentissement serait le plus marqué dans l’Industrie/Construction.
- Les créations d’emploi resteraient toutefois dynamiques cette année mais s’accompagneraient de difficultés de recrutement, pesant sur le développement de trois ETI sur quatre. Dans ce contexte, la quasi-totalité des dirigeants prévoient d’augmenter les salaires, de 3,9 % en moyenne.
- La hausse des prix de vente serait un peu plus dynamique, de +4,3 % en moyenne, motivée en partie par la nette hausse de la facture énergétique. Une ETI sur quatre verrait sa facture d’électricité au moins doubler cette année et près d’un dirigeant sur deux prévoient de répercuter la hausse des prix de l’énergie sur ses prix de vente. Si 40 % d’entre eux sont inquiets quant à l’impact sur la compétitivité de leur entreprise, en France ou à l’étranger, 6% vont jusqu’à envisager réviser la localisation de leurs nouveaux projets pour ce motif.
- Malgré la hausse des prix, 45 % des ETI s’attendent à une baisse de leur marge nette en 2023. Dès lors, leur situation de trésorerie se dégraderait, partant néanmoins d’un niveau favorable. Dans ce contexte, les ETI continuent de mobiliser leur liquidités disponibles grâce au PGE. En avril 2023, 52 % des ETI ont consommé plus de la majorité de leur prêt (45 % en avril 2022).
- L’investissement est attendu en ralentissement en 2023, l’accès au financement se faisant plus contraignant. Les projets de croissance externe se maintiennent, y compris à l’international où la part à destination des pays d’Amérique du Nord et d’Asie est en nette hausse.
- L’investissement serait toutefois soutenu par la transition écologique et énergétique, les investissements verts étant attendus plus dynamiques que les autres cette année. 44 % des ETI déclarent en particulier investir pour réduire de manière pérenne les coûts énergétiques.
« Les dirigeants d’ETI prévoient un maintien des embauches cette année mais un ralentissement de l’activité, dans un contexte où les carnets de commande se tassent et les contraintes de production persistent. Une ETI sur quatre anticipe un doublement de sa facture d’électricité, et elles sont un peu plus de la moitié à prévoir des augmentations de salaire plus marquées cette année qu’en 2022. Dans ce contexte, les ETI augmentent leurs prix de vente mais anticipent tout de même une dégradation de leur trésorerie, partant néanmoins d’un niveau encore favorable. Ajouté au fait que l’accès aux financements est attendu plus contraint, l’investissement des ETI ralentirait également. Celui-ci resterait toutefois soutenu par les investissements verts, en partie motivés par la volonté de réduire les coûts énergétiques. » estime Philippe Mutricy Directeur des Etudes de Bpifrance.
Cette 13e enquête annuelle de conjoncture a été réalisée auprès d’un peu moins de 5000 entreprises de taille intermédiaire (ETI) entre mi-mars et mi-mai 2023. Les résultats portent sur un échantillon d’un peu plus de 400 entreprises représentatives des ETI françaises.
- L’activité des ETI ralentirait en 2023 dans un contexte de tassement de la demande et de contraintes de production encore persistantes. Les créations d’emploi resteraient quant à elle dynamiques.
Les ETI françaises anticipent un ralentissement de leur activité en 2023 : avec 49 % des dirigeants qui anticipent une hausse de leur chiffre d’affaires (CA) contre 13 % une baisse, le solde d’opinion s’élève à +36, soit une baisse de 7 points sur un an. Il rejoint ainsi sa moyenne historique d’avant crise (+36 en moyenne sur 2011-2019). Les carnets de commandes seraient moins garnis qu’en 2022, le solde prévisionnel diminuant de 14 points sur un an à +3. L’activité à l’export est également prévue en ralentissement : l’indicateur associé perdant 12 points sur un an, à +25. Les perspectives sont toutefois hétérogènes selon les ETI. Tandis qu’elles se dégraderaient du côté des ETI de l’Industrie/Construction, celles des Services verraient leur CA résister. Les perspectives s’amélioreraient dans les secteurs du Commerce / Transport / Tourisme, l’indicateur restant toutefois sous le niveau d’avant crise.
Bien qu’en ralentissement cette année, les embauches resteraient dynamiques en France et à l’étranger. À +34, le solde prévisionnel des effectifs en France perd 5 points sur un an mais reste proche de la dynamique pré-crise (+37 en moyenne sur 2018-2019). Ces embauches s’accompagnent de difficultés de recrutement importantes, qui freinent le développement de trois ETI sur quatre. Combinées au contexte d’inflation élevée, ces difficultés conduiraient la quasi-totalité des dirigeants (94 %) à augmenter les salaires de leurs collaborateurs, de +3,9 % en moyenne. La hausse des salaires serait, pour une ETI sur deux, supérieure à celle pratiquée en 2022.
- Les ETI s’attendent à une nette hausse de leur facture d’énergie en 2023. Si elles sont nombreuses à envisager d’amortir le choc en augmentant leurs prix de vente, elles s’inquiètent quant aux conséquences sur leur compétitivité.
En 2023, les ETI anticipent une hausse sensible du prix d’achat de leur électricité. Par rapport à 2022, un quart d’entre elles verraient leur facture au moins doubler, contre seulement 5 % en 2022 par rapport à 2021. En réaction, près d’une ETI sur deux envisagent d’accroître leurs prix de vente cette année et 44 % des dirigeants souhaitent investir pour réduire durablement les coûts énergétiques.
Ce contexte d’évolution défavorable des prix de l’énergie inquiète 40 % des ETI quant à une potentielle dégradation de leur compétitivité, que ce soit sur le marché français ou à l’étranger. En revanche, les prix de l’énergie semblent peu affecter leurs projets d’investissements. Seulement 6 % des ETI envisagent de reporter ou annuler leurs projets en raison de ces tensions. De plus, parmi l’ensemble des ETI ayant des projets de croissance externe, seules 6 % déclarent revoir à la baisse leur projets de localisation en France.
Finalement, l’ensemble des tensions sur les coûts de production (énergie, salaires etc.) conduiraient la quasi-totalité (96 %) des ETI à augmenter leur prix de vente cette année, d’en moyenne 4,3 %. Pour 60 % d’entre elles, la hausse des prix serait supérieure à celle pratiquée en 2022.
- L’investissement des ETI ralentirait, alors que leur situation financière se dégraderait et l’accès au financement se durcirait. Il serait toutefois soutenu par la transition écologique et énergétique.
En 2022, la situation de trésorerie des ETI s’est dégradée mais est restée à un niveau plutôt favorable : à +5, l’indicateur perd 9 points sur un an mais rejoint son niveau moyen de la période 2011-2022. La situation de trésorerie des ETI est de nouveau attendue en dégradation en 2023 : à -7, le solde d’opinion gagne certes 4 points sur un an mais reste inférieur de 9 points à sa moyenne historique pré-crise sanitaire (+2 en moyenne entre 2011 et 2019). En outre, malgré la hausse des prix de vente, 45 % des ETI prévoient une détérioration de leur marge nette en 2023.
Les ETI disposent toutefois encore d’une réserve de liquidités grâce aux PGE, dans laquelle elles continuent de puiser. La part des ETI ayant consommé une majorité, voire la totalité de leur prêt atteint 52 % en avril 2023, contre 45 % un an auparavant. Le tiers d’entre elles l’auraient en revanche déjà remboursé.
L’accès au financement serait plus contraint en 2023. Le resserrement des conditions d’accès au crédit est devenu un obstacle important pour près du quart des ETI, une part en hausse de 9 points par rapport à 2022, en cohérence avec le durcissement de la politique monétaire de la BCE. Dans ce contexte, l’investissement ralentirait, comme en témoigne son solde prévisionnel, qui s’établit à +18 après +30 en 2022.
Les investissements « verts » seraient un peu plus dynamiques que les autres types d’investissements. En 2023, leur poids moyen dans le total des investissements gagnerait 2 points relativement à 2022, à 16 %. Les tensions sur les prix de l’électricité conduisent en particulier 44 % des ETI à investir pour réduire durablement leurs coûts énergétiques.
Les projets de croissance externe sont stables sur un an, avec une ETI sur cinq ayant un projet de création de filiales en 2023 et 13 % ayant des projets à l’étranger (création de filiales ou prises de participations). Les choix de localisation des projets ont néanmoins évolué. L’UE reste la première destination des projets d’implantation (70 %) mais la part des projets à destination de l’Amérique du Nord et de l’Asie double (à 30 % et 26 % respectivement), potentiellement en lien avec la politique américaine visant à améliorer l’attractivité du territoire et la réouverture de la Chine.
Méthodologie - Définition des ETI
La catégorie des entreprises de taille intermédiaire a été introduite par la loi de modernisation de l’économie d’août 2008, et précisée par le décret de décembre 2008. Ce sont les entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie des petites et moyennes entreprises, et qui :
- d’une part occupent moins de 5 000 personnes ;
- d’autre part ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1,5 Md€ ou un total du bilan annuel n’excédant pas 2 Md€.
Elles se situent donc entre les PME et les grandes entreprises (GE).
Retrouvez l’intégralité de l’étude sur : https://lelab.bpifrance.fr/enquetes/enquete-eti-2023
ETI dont la tête de groupe est en France
Solde d’opinion : différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative.
Entreprises employant moins de 250 personnes et dont le chiffre d’affaires annuel n’excède pas 50 M€ ou le bilan annuel 43 M€.
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