06 Juillet 2023
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Paris, le 6 juillet 2023 – La 77ème enquête de conjoncture, basée sur les retours de 5 011 entreprises, permet d’évaluer la situation et les perspectives des TPE-PME en termes d’activité, d’emploi, de trésorerie et d’investissement.
- L’activité des TPE-PME devrait sensiblement ralentir cette année : à +12, le solde d’opinion recule de 15 points sur un an et s’inscrit légèrement sous sa moyenne de long terme (+14). L’emploi serait plus résilient, le ralentissement étant attendu moins marqué que celui de l’activité, avec un solde d’opinion à + 14, stable par rapport à novembre 2022 et 8 points au-dessus de sa moyenne de LT.
- Le tassement de l’activité concernerait l’ensemble des secteurs. La croissance serait la moins allante dans la Construction, le Commerce et les Transports. Le Tourisme resterait dynamique, continuant de bénéficier d’un effet de rattrapage post-Covid en 2023.
- La situation de trésorerie reste favorable, malgré la dégradation récente. Les craintes de non remboursement des PGE restent très faibles (4% de l’échantillon).
- Pour limiter l’impact de la hausse des coûts énergétiques, une large majorité (59 % des TPE-PME en 2022) a mis en œuvre des actions de sobriété énergétique. La quasi-totalité d’entre elles comptent les pérenniser au moins partiellement en 2023, dont 61 % en totalité.
- Les hausses de salaires sont attendues plus conséquentes cette année qu’en 2022 et seraient légèrement plus fortes que celles des prix (+3,9% en moyenne vs +3,5%).
- Les difficultés d’accès aux crédits restent limitées mais le coût du crédit est en forte hausse. Dans ce contexte, l’investissement ralentirait légèrement cette année. Le motif environnemental soutiendrait quelque peu l’investissement, la part de TPE-PME comptant augmenter les investissements verts cette année étant un peu plus importante que celle comptant les diminuer (18 % vs 13 %).
- Les TPE-PME sont peu confiantes quant aux perspectives pour 2024. À +16, l’indicateur relatif aux perspectives d’activité perd 5 points sur un an et se situe nettement en deçà de sa moyenne observée sur la période 2000-2022 (+26). Celui sur l’emploi recule de 4 points pour retrouver son niveau moyen de long terme.
Pour Philippe Mutricy, Directeur des études de Bpifrance: « Dans un contexte de croissance faible, 33 % des dirigeants de TPE et PME prévoient malgré tout une hausse de leur chiffre d’affaires en 2023, et 46 % une stabilité. Les TPE souffrent plus que les PME avec une croissance de leur chiffre d’affaires attendue légèrement négative (−1% en moyenne), contre une hausse attendue de +2% en moyenne pour les PME de plus de 10 salariés, et même 5% pour les PME de plus de 100 salariés. »
- L’activité ralentirait fortement en 2023. L’emploi se montrerait davantage résilient
Les TPE-PME anticipent un net ralentissement de leur activité cette année. À +12, le solde d’opinion relatif à l’évolution du chiffre d’affaires recule de 13 points sur un an et de 15 points sur le semestre pour repasser légèrement en-dessous de sa moyenne historique (+14). En moyenne, le chiffre d’affaires augmenterait de +1 % en 2023 après +6 % estimé en 2022. Les chefs d’entreprise ne sont plus que 33 % à anticiper une hausse de leur activité en 2023 (ils étaient 42 % il y a un an pour 2022) tandis que 21 % prévoient une baisse de leur chiffre d’affaires (17 % il y a un an).
En cohérence avec le ralentissement marqué de l’activité attendu cette année, les embauches ralentiraient en 2023 mais dans une moindre mesure que l’activité. À +14, le solde d’opinion perd 7 points sur un an mais reste stable sur le semestre et demeure bien au-dessus de sa moyenne de long terme (+8). 82 % des dirigeants déclarent rencontrer des difficultés de recrutement, et 42 % les jugent même sévères, des proportions proches de celles observés avant crise (respectivement 83 % et 43 % en moyenne sur 2018-2019). Dans ce contexte de tensions sur les recrutements mais aussi d’inflation élevée, 77 % des dirigeants de TPE-PME prévoient d’augmenter les salaires de leurs collaborateurs en 2023, soit davantage qu’en 2022 (72 %) ; près de la moitié comptent accorder une hausse de plus de 5 % et 42 % une hausse supérieure à celle accordée en 2022 (44 % identique, 13 % inférieure).
Au cours des derniers mois, les difficultés d’approvisionnement se sont quelque peu estompées : mi-2023, 40 % déclarent qu’elles limitent significativement leur activité (46 % en novembre). Les hausses de coûts (énergétiques, salariaux) pèsent sur les marges des entreprises même si l’augmentation des prix de vente permet de limiter le choc. Les TPE-PME sont plus nombreuses à prévoir une dégradation de leur marge nette en 2023 (35 %) plutôt qu’une amélioration (22 %).
Le ralentissement de l’activité des TPE-PME est généralisé à l’ensemble des secteurs d’activité et des régions, selon une ampleur plus ou moins marquée :
- L’activité dans le Tourisme poursuivant son rattrapage post-Covid bien qu’à un rythme moindre (hausse moyenne du CA attendue en 2023 à +8 %). Elle serait en revanche la moins dynamique dans le Commerce, la Construction et les Transports (proche de 0 %). Le ralentissement serait marqué dans l’Industrie et les Services (croissance d’environ 2 % en moyenne cette année).
- Les TPE-PME du Centre-Val de Loire et d’Île-de-France sont les plus optimistes, avec une croissance prévue de leur chiffre d’affaires de près de +3 % en moyenne. À l’inverse, l’activité des TPE-PME ne progresserait pas cette année en Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, Hauts-de-France et Normandie.
- Les PME d’au moins 10 salariés sont plus allantes, en prévoyant une hausse de leur chiffre d’affaires de +2% en moyenne (et même +5% pour celles qui comptent plus de 100 salariés), contre une prévision légèrement négative (−1% en moyenne) pour les TPE de moins de 10 salariés. Les TPE et PME innovantes et/ou exportatrices font part d’un plus grand optimisme également, avec une croissance du CA attendu à +3% et +4% contre 0% pour leurs homologues non innovantes ou non exportatrices.
- La trésorerie des TPE-PME se dégrade quelque peu en dé but d’année mais reste à un niveau favorable
L’indicateur relatif à la situation de trésorerie sur les six derniers mois perd 1 point sur le semestre et 5 points sur un an, à −10, mais reste au-dessus de sa moyenne de long terme (−15). La dégradation de la trésorerie depuis 18 mois intervient en effet après une situation historiquement confortable en 2021. Les TPE-PME sont nettement moins pessimistes qu’en novembre dernier sur l’évolution future de leur trésorerie, le solde d’opinion prévisionnel gagnant 10 points sur le semestre, à −5. Ce redressement de l’indicateur peut probablement s’expliquer par la détente des prix sur le marché de l’énergie depuis la précédente interrogation. Afin d’amortir l’impact de la hausse des coûts sur leur situation financière, 52 % des TPE-PME comptent augmenter leurs prix de vente en 2023 (elles étaient 72 % en 2022).
- Face à l’augmentation des coûts, les entreprises puisent de plus en plus dans leur PGE. Le risque de non-remboursement reste limité à ce stade
Parmi les TPE-PME déclarant avoir souscrit à un PGE (la moitié des répondants), 64 % déclarent l’avoir consommé dans sa majorité (contre 56 % en novembre 2022 et 53 % en mai 2022), dont 46 % dans sa quasi-totalité (contre 35 % en mai 2022). S’agissant de l’horizon de remboursement, 25 % des dirigeants interrogés auraient remboursé leur prêt intégralement d’ici la fin de l’année (14 % fin 2022) tandis que 76 % envisagent d’amortir leur prêt sur plusieurs années. Le risque de non-remboursement des PGE reste limité. 4 % des répondants craignent ne pas être en mesure de rembourser leur prêt, une proportion en très légère baisse depuis un an (5 % en novembre dernier et 6 % en mai 2022), qui reste dans la fourchette observée depuis que la question est posée (entre 4 et 6 %).
- L’investissement ralentirait légèrement en 2023, dans un contexte de forte hausse du coût du crédit
L’accès au financement des TPE-PME reste relativement souple : 12 % d’entre elles déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur trésorerie (+1 point en six mois) et 11 % pour financer leurs investissements (stable sur le semestre), des proportions proches de celles observées avant la crise sanitaire.
Pour autant, le net resserrement de la politique monétaire depuis un an s’est traduit par une forte hausse des taux d’intérêt accordés par les banques aux entreprises. Logiquement, le coût du crédit devient ainsi le premier frein à l’investissement, cité par près de la moitié des TPE-PME (48 % après 34 % en novembre dernier et 19 % il y a un an). La faiblesse de la demande constitue, comme habituellement, un obstacle important, cité également par 48 % des TPE-PME.
Dans cet environnement, la part des TPE-PME qui comptent investir en 2023 est stable sur un an (45 %) mais toujours inférieure à son niveau observé avant crise (50 % comptaient investir en 2019 selon l’interrogation de mai 2019). Les montants investis ralentiraient légèrement : l’indicateur perd 1 point sur un an pour s’établir à −3, un niveau proche de sa moyenne de long terme (−4).
Le motif environnemental soutiendrait quelque peu l’investissement, la part de TPE-PME comptant augmenter les investissements verts cette année étant un peu plus importante que celle comptant les diminuer (18 % vs 13 %). Ce type d’investissements concerne un peu plus du tiers des TPE-PME en 2022. La mise en place d’un système de tri des déchets ou de recyclage est la principale motivation (citée par 43 % d’entre elles), suivie par l’achat d'équipement de production plus performant énergétiquement ou moins émetteur de gaz à effet de serre (37 %) et le renouvellement du parc automobile (32 %).
- Près de 60 % des TPE-PME ont entrepris des actions de sobriété énergétique en 2022, et une large majorité compte les pérenniser en 2023
La crise énergétique a conduit les entreprises à réduire leur consommation d’énergie. 59 % des TPE-PME ont ainsi entrepris des actions de sobriété énergétique en 2022 ; cette proportion grimpe à 67 % dans l’Industrie. Une large majorité compte les pérenniser en 2023 (61 % totalement, 31 % en grande partie). Ainsi, une part de la baisse de consommation énergétique et d’émission de gaz à effet de serre observée en 2022 serait reconduite au moins cette année et pourrait même être durable.
- Les chefs d’entreprises interrogés sont peu confiants quant aux perspectives d’activité pour 2024
L’indicateur prévisionnel d’activité perd 5 points sur un an à +16 et se retrouve inférieur de 10 points à sa moyenne de longue période. Les perspectives d’activité se dégradent le plus fortement dans la Construction, alors que les coûts de production restent élevés et que la hausse des taux pèse sur le marché immobilier. Les embauches ralentiraient en 2024 mais resteraient relativement dynamiques au regard des perspectives d’activité.
Retrouvez l’enquête complète ainsi que les analyses sectorielles et régionales sur : 77e enquête PME : les dirigeants prévoient un net ralentissement de leur activité en 2023 (bpifrance.fr)
Condition de réalisation de l’enquête
La 77e enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance Le Lab a été réalisée par interrogation de 39 157 entreprises de 1 à 249 salariés entre le 11 mai et le 12 juin 2023, par voie postale ou numérique. L’analyse s’appuie sur un échantillon de 5 011 réponses reçues avant le 12 juin. En plus des questions récurrentes, des questions sur les difficultés d’approvisionnement, l’évolution des salaires et des prix, et la sobriété énergétique ont été posées à l’ensemble de l’échantillon. Les réponses à l’ensemble de ces questions supplémentaires ont été redressées par taille et secteur d’activité.
Solde d’opinion : différence entre la proportion de répondants ayant exprimé une opinion positive et la proportion de répondants ayant exprimé une opinion négative.
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