Paris, le 5 mars 2024 – À l’occasion de la journée internationale des droits des Femmes, Bpifrance Création publie un volet spécial qui décline sous l’angle du genre son enquête nationale bisannuelle mesurant l’Indice Entrepreneurial Français (IEF). Partant du constat d’un engagement féminin dans l’entrepreneuriat en constante progression, ce volet approfondit l’analyse de la relation des Femmes avec le monde des entreprises et les écarts de comportement en la matière entre les genres.

En 2023, 28 % des Françaises – soit 7,7 millions de Femmes – sont engagées dans une dynamique entrepreneuriale, qu'elles aient l'intention de créer leur entreprise, qu'elles soient en cours de création (« porteuses de projet ») ou qu’elles soient déjà chefs d’entreprise ou ex-chefs d’entreprise. Leur appétence entrepreneuriale ne faiblit pas : alors que l’implication entrepreneuriale des Hommes avait marqué le pas en 2021 et ne fait en 2023 que revenir en son niveau de 2018, celle des Femmes progresse non-stop entre 2018 et 2023 (+ 5 points).

« La résilience entrepreneuriale des Femmes, traduit un volontarisme propice à faire bouger les lignes plus vite. » déclare Nicolas Dufourcq, Directeur général de Bpifrance. « Preuve en est la réduction en cours de l’écart entre les indices entrepreneuriaux féminin et masculin qui dénote une transformation en marche de notre société. Elle nous conforte dans notre action collective avec les membres du collectif Cap Créa d’accompagner le mouvement pour l’inscrire dans la durée. »

UNE MUTATION DES RESSORTS DE L’ENTREPRENEURIAT

Si l’indice entrepreneurial féminin reste inférieur à l’indice masculin, l’écart entre les deux genres se réduit fortement depuis 2018 : il n’est plus que de 8 points en 2023 vs 14 points cinq ans auparavant.

Comme chez les Hommes, la contribution féminine se fait plus concrète : la part des chefs et ex-chefs d’entreprise augmente et celle des intentionnistes se réduit. La part des chefs d’entreprise progresse autant chez les Hommes et les Femmes (+ 4 points en deux ans), montrant une évolution de l’engagement entrepreneurial d’égale intensité.

Les jeunes femmes sont à la manœuvre plus que les jeunes hommes : 1 Femme sur 3 de la chaîne entrepreneuriale a moins de 30 ans, contre 1 Homme sur 4.

Cet élan entrepreneurial féminin est plus soutenu dans les Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) : l’indice entrepreneurial féminin y progresse de + 7 points en 2023, et l’écart se resserre entre la France entière et les QPV, chez les Femmes (- 7 points) comme chez les Hommes (- 6 points), indiquant un phénomène de rattrapage aussi rapide quel que soit le genre.

DE LA PERSISTANCE D’UN ÉCART ENTRE LES GENRES

L’IEF fait état de plusieurs facteurs structurels qui peuvent expliquer les écarts de comportement entrepreneuriaux entre les genres :

- En matière de carrière idéale, les Femmes pensent moins souvent à devenir entrepreneur que les Hommes : 21 % pour 27 %. Et parmi ceux qui ne sont pas dans la chaîne entrepreneuriale, 1 Homme sur 4 mais 1 Femme sur 3 n’a jamais songé à créer ou reprendre une entreprise

- Les Femmes en général sont moins exposées à l’entrepreneuriat que les Hommes (expérience d’entrepreneur, chef d’entreprise dans l’entourage, formation à la création…) : 2 Femmes sur 10 ont une exposition forte contre près de 3 Hommes sur 10. Ce constat est particulièrement vrai pour la population française qui se situe en dehors de la chaîne entrepreneuriale, car une fois dans la chaîne, l’écart se résorbe.

- Le récidivisme entrepreneurial est aussi bien dans l’ADN des Femmes que des Hommes mais les Femmes sont bien moins souvent serial entrepreneurs : respectivement 1 Femme sur 10 pour 1 Homme sur 6. D’ailleurs, continuer l’aventure entrepreneuriale après avoir cédé ou cessé l’activité d’une entreprise est moins fréquent chez les Femmes.

UN MÊME NIVEAU D’ACCOMPAGNEMENT MAIS PAS LE MÊME GENRE

Chez les Femmes comme chez les Hommes, 4 chefs d’entreprise sur 10 et 2 porteurs de projet sur 10 ont été accompagnés dans leur projet de création d’entreprise (dernier en date).

Toutefois les Femmes chefs d’entreprise se lancent moins souvent que les Hommes à la recherche d’un accompagnement (4 sur 10 n’en ont pas recherché pour 3 Hommes sur 10), mais ce n’est pas de l’autocensure. En effet, 4 chefs d’entreprise sur 10 n’ont sollicité aucun accompagnement, car ils estimaient ne pas en avoir besoin, et 1 sur 4 ne voulait pas en assumer le coût. Le résultat est le même quel que soit le genre du chef d’entreprise.

Chez les Femmes porteurs de projet qui n’ont pas recherché d’appui à l’accompagnement, le manque de connaissance vient juste après des démarches décourageantes et juste avant le coût de l’accompagnement : elles sont 3 fois plus nombreuses que les hommes à ne pas savoir comment faire pour obtenir cet accompagnement (ce qui n’est plus le cas chez les chefs d’entreprise).

Chez les chefs d’entreprise, quel que soit le genre, l’accompagnement vient surtout de l’entourage proche et des relations d’affaires classiques pour une entreprise existante (réseau d’entrepreneurs, expert-comptable, banquier…), tandis que chez les porteurs de projet, l’accompagnement est plus dispersé. Les Femmes porteuses de projet sollicitent plus souvent leur entourage proche, une communauté d’entrepreneurs ou un acteur social de proximité (entre + 8 et + 10 points par rapport aux Hommes).

« Aujourd’hui l’entrepreneuriat est un authentique choix de vie qui répond à un désir de liberté, de créativité et de sens qui traverse l'ensemble de la société française » indique Marie Adeline-Peix, Directrice exécutive en charge de Bpifrance Création, « Cependant on constate que le passage à l’acte est plus difficile chez certains publics, notamment les femmes. Notre défi est donc d’accompagner chacune et chacun pour permettre ce « passage à l’acte » et favoriser la génération dans la durée de la valeur ajoutée, d'impacts et d’emplois. C’est tout l’enjeu des Plans d’action régionaux pour l’entrepreneuriat des femmes (Paref) et de notre collectif Cap Créa. »

Méthodologie de l’IEF 2023 : L’enquête a été réalisée par l’institut de sondage Ifop pour le compte de l’Observatoire de la création d’entreprise de Bpifrance Création, en ligne du 15 au 30 juin 2023 auprès d’un échantillon de 5 011 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas – sexe, âge, profession de la personne interrogée – après stratification par région et catégorie d'agglomération) ; et par téléphone du 21 juin au 4 juillet 2023, auprès d’un échantillon de 504 personnes représentatif des personnes résidant dans les Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas – sexe, âge, situation relative à l’emploi de la personne interrogée, nationalité et niveau de diplôme).