Paris, le 23 juin 2020 – Dans une première étude sur l’entrepreneuriat dans les zones urbaines sensibles, publiée en 2016, Bpifrance Le Lab, en association avec Terra Nova, a montré que les quartiers prioritaires de la politique de la ville abritent des entreprises à fort potentiel mais que celles-ci peinent à rayonner au-delà de leur territoire d’implantation. Ces nouveaux travaux confirment la vitalité de ces territoires en termes de création, de détermination, d’adaptation et de capacité de rebond, des qualités essentielles pour traverser la crise actuelle. Ainsi les entreprises créées dans ces territoires y sont tout aussi viables à trois ans qu’ailleurs. Cependant, alors que les TPE-PME représentent près de la moitié des emplois salariés en France, la densité d’établissements est près de deux fois plus faible dans les QPV que dans le reste du pays et les projets y sont de plus petite taille. 32% des entrepreneurs en QPV rencontrent des difficultés d’accès aux services bancaires qui induisent des investissement initiaux inférieurs de 27% à ceux des zones hors QPV.
Élise Tissier, Directrice de Bpifrance Le Lab déclare : « Nous croisons tous les jours des entrepreneurs issus des QPV sans le savoir. Et l’idée, confirmée par les données, que l’entrepreneuriat dans les QPV est un vrai chemin d’intégration dans la vie économique, crée une responsabilité encore plus forte pour les acteurs en charge d’accompagner les entrepreneurs. »
Les QPV, un potentiel de création d’entreprises encore inexploité
Les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont des territoires où se créent un nombre important d’entreprises pérennes : le taux de pérennité des entreprises à 3 ans en QPV est de 77%, analogue au 74% hors QPV (48% pour les micro-entrepreneurs en QPV et 36% hors PQV). Cependant, le taux de création d’entreprises demeure plus faible qu’ailleurs en France : il représente 1,7% de la population active dans les QPV contre 2,2% dans le reste de la France. Cette différence s’explique notamment par le fait que les habitants sont moins sensibilisés à la création d’entreprises et éprouvent des difficultés à repérer les structures d’aides.
Avantages et freins des quartiers prioritaires pour les entrepreneurs
Le choix du lieu d’implantation de l’activité impacte directement l’évolution de l’entreprise. Les QPV constituent un environnement qui éloigne les entrepreneurs des réseaux professionnels, mais également des crédits et services bancaires. Ainsi, seuls 22% des habitants des QPV ont obtenu un crédit bancaire; en comparaison, ce chiffre est de 29% sur le reste du territoire. La détermination, la connaissance du marché local ou encore la solidarité pallient jusqu’à un certain point ces difficultés. Mais ces avantages au sein du territoire local peuvent vite devenir des freins à leur croissance sur le territoire.
Un tiers des entrepreneurs dans les quartiers sont des entrepreneures
L’entrepreneuriat féminin est spécifique : plus prudent, moins mobilisateur de ressources durant la phase de lancement, il est souvent effectué en complément d’une activité salariée. Il est toutefois tout aussi pérenne que l’entrepreneuriat masculin des QPV : 77% des entreprises fondées par des femmes existent encore trois années après leur création.
Les nouvelles technologies et l’accompagnement, adjuvants de l’entrepreneur issu des QPV
Les nouveaux moyens de communication digitaux participent à la diffusion de nouveaux modèles entrepreneuriaux et au développement d’activités au delà des quartiers. En particulier dans le commerce d’import-export et le transport : des secteurs qui regroupent 40% des entrepreneurs issus des QPV. Ils permettent également de dépasser le plafond de verre en créant des passerelles via les réseaux d’accompagnement, mentorat pour intégrer des réseaux professionnels plus conséquents, formations pour utiliser tous les outils en ligne (ventes online, réseaux sociaux...). Ces passerelles renforcent la vitalité économique au sein des QPV.
Retrouvez l’étude en téléchargement libre sur : https://www.bpifrance-lelab.fr/Analyses-Reflexions/Les-Travaux-du-Lab/Entreprendre-dans-les-quartiers-liberer-tous-les-potentiels
Méthodologie :
En 2016, notre première étude sur l’entrepreneuriat dans les quartiers [1] recommandait de favoriser l’open data sur les données des entreprises dans les quartiers. Cette deuxième publication, trois ans après, répond directement à cette indication.
Nous avons mis en place une méthodologie inédite permettant de croiser les données des entreprises et des micro-entrepreneurs géolocalisés dans les quartiers prioritaires avec les données sur la création d’entreprises de l’INSEE [2]. Ceci nous a permis d’observer les données de la création sur plus de 2 000 entreprises et 1 000 micro entrepreneurs au moment de la création de leur projet, et 3 ans après.
Nous avons également réalisé une enquête [3] auprès de 700 dirigeants d’entreprises ayant entre 4 et 5 ans d’existence, afin de compléter les données de l’INSEE et comprendre les problématiques des entreprises dans et hors quartiers, du stade de la création jusqu’à leur cinquième anniversaire